Il croyait que la victime du Maxi voulait le tuer
L’accusé a indiqué hier qu’il plaidera la folie pour expliquer ses gestes
Le jeune homme ayant brutalement tué une employée d’un Maxi croyait dur comme fer qu’elle voulait elle-même l’abattre, a-t-il affirmé hier après avoir annoncé qu’il plaidera la folie.
« Clémence voulait me tuer, moi et d’autres clients, je me suis défendu et j’ai protégé les autres clients », a témoigné Randy Tshilumba avec un calme olympien.
L’accusé de 21 ans subit son procès pour le meurtre au premier degré de Clémence Beaulieu-Patry, le 10 avril 2016. Or, pour la défense, Tshilumba souffrait d’un trouble mental au moment du crime.
« Il avait des idées délirantes envers [la victime], il ne savait pas qu’il faisait quelque chose de mal », a déclaré Me Philippe Larochelle dans sa déclaration d’ouverture hier au palais de justice de Montréal.
PARANOÏA
Parlant sur un ton monotone, presque robotique, Tshilumba a ainsi livré sa version des faits au jury.
Il a ainsi expliqué qu’il connaissait la victime depuis le secondaire. Selon la preuve, ils ne se parlaient toutefois pas.
Mais à l’automne 2014, Tshilumba a découvert une page Spotted sur Facebook qui l’a convaincu que Clémence Beaulieu-Patry et ses amies voulaient le tuer. C’est pour cela qu’il s’est procuré un couteau, a-t-il juré.
Et quand il a croisé par hasard des amies de Clémence Beaulieu-Patry à l’été 2015, ses peurs se sont amplifiées, a-t-il dit.
« Je ne voulais plus sortir, je courais chez moi pour éviter les balles si elles tiraient, c’était insupportable, a témoigné Tshilumba. Elles pouvaient me tirer dessus n’importe quand. »
Il aurait alors consulté un médecin qui lui a prescrit des anxiolytiques, mais il en a pris une seule fois par crainte que le médecin soit de mèche avec Clémence Beaulieu-Patry et ses amies.
« FAIRE LA PAIX »
Il se serait aussi fait conseiller de consulter un psychologue, mais après une vérification du régime d’assurance de sa mère, il n’a jamais pu prendre rendez-vous.
Tshilumba jure avoir parlé de ses craintes à un ami qui ne l’aurait pas pris au sérieux.
« Pour moi, c’était vraiment important, mais pour lui, j’étais fou et ça n’avait aucun sens », a dit l’accusé.
Le soir du drame, Tshilumba a expliqué qu’il hésitait entre aller à l’hôpital pour des problèmes de constipation, s’entraîner où aller voir la victime pour « faire la paix ».
Il a choisi d’aller au Maxi où la jeune femme travaillait. En trois minutes, il a eu le temps de rentrer dans le supermarché, de trouver la victime et de la poignarder 14 fois avant de prendre la fuite.
Tshilumba s’est ensuite caché dans un Tim Hortons avant d’aller dissimuler l’arme du crime et ses vêtements au cégep où il étudiait.
Pendant cette période, il a également fait de nombreuses recherches internet sur le meurtre au Maxi, sur la victime et lui-même, ainsi que sur des façons de faire disparaître de la preuve.
Son témoignage se poursuit aujourd’hui au palais de justice de Montréal. Par la suite, la défense a annoncé qu’elle ferait témoigner deux psychiatres experts ainsi que des proches de l’accusé.
Le procès, devant jury, est présidé par la juge Hélène Di Salvo.
Me Catherine Perreault représente la Couronne.
Je sais qu’elles [la victime et ses amies] me surveillaient, m’espionnaient. Je n’étais plus capable, j’avais peur pour ma vie. […] C’était stressant que du monde veuille me tuer. À cause du stress, j’ai coulé plusieurs cours. » – Randy Tshilumba, accusé Randy ne s’est pas inventé une maladie mentale, elle existait avant. On va aller dans sa tête pour comprendre ce qui l’a mené à ça. C’est un geste tellement brutal qu’on veut comprendre. » – Me Philippe Larochelle de la défense