Donald Trump et l’Iran
Trump déclare qu’il a pris une décision sur l’Iran. Sans attendre le rapport de l’Agence internationale de l’Énergie. Sans attendre la fin des pourparlers avec l’Iran. Probablement sans avoir consulté les diplomates. De toute manière, il les méprise. Pour le moment, il ne veut pas rendre publique sa décision. Étant donné ses paroles très dures contre l’Iran, sa haine des politiques d’Obama et sa soumission à la politique étrangère d’Israël, Trump devrait annoncer le retrait des États-Unis de l’accord avec l’Iran. Mais il est possible Trump soit en train de bluffer pour mieux négocier. Si jamais les ÉtatsUnis quittent l’accord, toute la politique de la région sera bouleversée. Les Nord-Coréens observent très attentivement l’évolution de la situation. En quoi la situation nucléaire de l’Iran est-elle différente de cette de la Corée du Nord ? Les deux pays partagent quelques similitudes. Les deux régimes sont totalitaires. Les deux gouvernements ont élevé la détestation des États-Unis au rang d’idéologie d’État. Mais le programme nucléaire iranien n’a pas encore abouti. Jusqu’à présent, l’Iran n’a fait exploser aucune bombe nucléaire. Téhéran ne possède pas non plus de missiles aussi puissants que ceux de Pyongyang. La Corée du Nord possède peu de ressources et le pays est situé dans un endroit relativement peu important en termes géostratégiques. L’Iran, au contraire, possède respectivement les deuxièmes et quatrièmes plus grandes réserves mondiales de gaz et de pétrole. L’Iran est aussi placé à un carrefour géostratégique qui lui procure un accès direct au coeur de l’Asie et du monde arabe. Que va faire l’Iran si les États-Unis quittent l’accord ? Le président iranien a laissé entendre que si les États-Unis quittaient l’accord, alors il considérerait que son pays aurait carte blanche pour développer le nucléaire et les missiles comme bon lui semblerait. La Corée du Nord deviendrait l’exemple à suivre, puisque jusqu’à présent, les États-Unis montrent qu’ils n’osent pas attaquer un pays qui possède l’arme atomique. Quelles sont les autres options pour les États-Unis ? En dépit des gesticulations des présidents américains et iraniens, il se pourrait que l’objectif de Trump soit de faire rouvrir le traité. Les États-Unis voudraient y inclure des mesures pour limiter davantage les essais de missiles iraniens, pour prolonger l’accord après 2015 et pour restreindre le rôle de l’Iran au Moyen-Orient. En quoi un retrait américain de l’accord bouleverserait-il la politique de la région ? Les tensions vont s’exacerber dans la région si l’Iran redémarre le développement de son armement nucléaire. D’autres pays vont vouloir développer leur propre armement nucléaire, à commencer par l’Arabie saoudite. Les autres pays signataires de l’accord pourraient s’en retirer et rompre leurs liens avec l’Iran. Dès lors, il serait plus difficile pour l’Iran de vendre son gaz et son pétrole sur le marché international. Ceci exercerait une pression à la hausse sur les prix des hydrocarbures. Inversement, si les autres pays signataires maintiennent leurs relations avec l’Iran, alors le leadership des États-Unis dans le monde risque d’être sérieusement diminué. Faible consolation, si l’Iran est occupé à développer son armement nucléaire, le pays sera moins tenté dans l’immédiat par des aventures guerrières en Syrie. Pourquoi la décision de Trump préoccupe-t-elle la Corée du Nord ? Si les États-Unis déchirent l’accord avec l’Iran sans raison valable, les dirigeants nord-coréens risquent de conclure que tout traité sur le désarmement nucléaire passé avec Washington est inutile. Les NordCoréens auraient raison de penser ainsi.