La musique qu’on veut, quand on veut
Le débat sur la radio commerciale et les quotas de musique francophone ne dérougit pas. Qui aurait cru qu’une simple déclaration d’un humoriste un soir de gala allait alimenter les conversations avec autant de passion ?
À en croire certains, la survie de tout un peuple est en jeu ! On respire par le nez. Très honnêtement, je ne pense pas que « la sauvegarde de notre identité » passe par une démonisation de la musique qui n’est pas en français.
DIS-MOI C’EST QUOI TA TOUNE
Quand Jean Leloup compose un bijou de chanson, avec un riff accrocheur, quand Coeur de pirate produit des vers d’oreille, on les écoute à la radio parce que c’est bon. Pas parce que c’est en français.
Mais si on me propose une chanson en français de deux soeurs miauleuses ou d’un gars qui multiplie les fautes de français et chante comme s’il avait une patate dans la bouche, je décroche.
Le vrai problème de la radio au Québec, c’est la piètre qualité de la musique qu’on y entend. De la médiocrité en français, ça reste de la médiocrité.
Quand j’entends certains dire qu’il faut protéger la culture musicale québécoise, que font-ils du cas de Leonard Cohen ? Quand il a sorti son dernier album, You Want it Darker, c’était presque une expérience mystique de l’écouter. Mais il chantait en anglais, ce Québécois. Aurait-il fallu l’empêcher de tourner à la radio sous prétexte qu’il ne chantait pas dans la bonne langue ?
Les quotas imposés, c’est comme la parité imposée : ce n’est pas en imposant un artiste qu’on lui rend justice. Les meilleurs, les plus accrocheurs, les plus vendeurs vont toujours finir par tirer leur épingle du jeu. Et les auditeurs vont voter avec leurs oreilles : si j’aime ce que tu me proposes, je vais continuer à t’écouter. Si j’haïs ça, je vais aller voir ailleurs, c’est-à-dire sur les sites de musique en continu.
QU’EST-CE QUE TU AS DANS LES OREILLES ?
Depuis la déclaration de Louis-José Houde au gala des Gémeaux, plusieurs suggestions glanées sur les médias sociaux m’ont fait sourire.
Un ami Facebook aurait aimé que, le soir du gala, Houde s’adresse au gratin artistique et lui dise : « Est-ce que je peux voir la liste de vos 25 chansons préférées dans votre téléphone intelligent ? ».
Quelle chouette idée ! Je me demande en effet combien auraient, dans leurs choix musicaux, 65 % de musique franco…
Un autre ami Facebook, lui, a carrément demandé à Louis-José Houde ce qu’il dirait si on imposait des quotas dans les salles de spectacles du Québec : 65 % de chanteurs francophones et seulement 35 % d’humoristes ?
LA QUESTION QUI TUE
Dans un autre ordre d’idées, dans une autre chronique, je réagissais au dossier de mon collègue Raphaël GendronMartin au sujet de la surreprésentation des hommes en nomination au Gala de l’ADISQ.
Un de mes amis, qui travaille depuis des années dans le domaine de la musique, m’a écrit pour me dire qu’il connaissait LA question qui allait clore le débat.
« Les artistes féminines qui revendiquent l’équilibre 50/50 engagent-elles des filles dans leur house band (groupe de musiciens) ? ».
Maudite bonne question, vous ne trouvez pas ?