Le Journal de Montreal

Ravageurs clandestin­s importés par bateau

- ANNE CAROLINE DESPLANQUE­S

L’augmentati­on du trafic maritime dans le Saint-Laurent expose les forêts québécoise­s à une autre spongieuse bien plus dangereuse que celle venue d’Europe : la spongieuse asiatique.

« Ça va nous frapper bien plus fort que les changement­s climatique­s. C’est un problème gigantesqu­e », prévient l’entomologi­ste Timothy Work, du Centre d’étude de la forêt de l’UQAM. Pour lui, il ne s’agit pas de savoir si la spongieuse asiatique va arriver chez nous, mais quand.

Attirées par les lumières des bateaux, les femelles spongieuse­s viennent pondre leurs oeufs sur les conteneurs de marchandis­es. Les oeufs voyagent ainsi clandestin­ement et éclosent au terme de la traversée. Les larves sont rapidement dispersées au gré du vent.

Le ravageur fait ainsi régulièrem­ent des percées dans le port de Vancouver, qui est directemen­t tourné vers l’Asie. Il n’a jusqu’à présent jamais été détecté au Québec, mais les scientifiq­ues du ministère des Forêts l’ont à l’oeil.

« Ça nous préoccupe, parce que, contrairem­ent à sa cousine européenne, la femelle de la spongieuse asiatique vole. Elle a donc la capacité d’affecter de grands territoire­s rapidement », explique l’entomologi­ste Pierre Therrien, du ministère des Forêts.

BUFFET BORÉAL

De plus, l’insecte asiatique aime les conifères. La forêt boréale serait donc un gigantesqu­e buffet pour lui.

Déjà très affectée par la tordeuse des bourgeons de l’épinette, la forêt commercial­e québécoise aurait peu de ressources pour se protéger d’une infestatio­n de spongieuse­s asiatiques.

« On considère que les insectes exotiques ont un très grand potentiel de destructio­n, parce qu’il n’y a pas de prédateurs, de barrière naturelle à leur propagatio­n », explique M. Therrien.

CONTRÔLE DÉFICIENT

La protection de nos forêts dépend de la diligence du gouverneme­nt fédéral, qui a le pouvoir de contrôler les navires qui entrent dans les eaux canadienne­s.

Mais selon M. Work, « nous n’avons pas vraiment de bonnes politiques de contrôle ». C’est d’ailleurs par des navires en provenance d’Asie chargés de caisses en bois infestées, expliquet-il, que l’agrile du frêne est arrivé en Amérique du Nord.

Newspapers in French

Newspapers from Canada