Le Journal de Montreal

Un pharmacien dépendant aux opioïdes plaide coupable

Il a dû être transporté à l’hôpital en plein quart de travail parce qu’il avait consommé

- HÉLOÏSE ARCHAMBAUL­T

Un pharmacien montréalai­s dépendant aux opioïdes a reconnu avoir travaillé sous l’effet de puissants stupéfiant­s achetés au marché noir, mercredi, à tel point qu’il a même dû être transporté d’urgence à l’hôpital durant un quart de travail.

« Il prenait tout ce qui lui tombait sous la main. Il pouvait prendre un ou deux comprimés de morphine, ce qui lui passait sous la main. Tout ça pour soulager ses symptômes de sevrage », a témoigné Josée Morin, syndic de l’Ordre des pharmacien­s du Québec (OPQ).

« POT DE BONBONS »

« (La pharmacie), c’est comme un pot de bonbons. Les médicament­s sont là », a-telle ajouté.

Le pharmacien montréalai­s Sébastien Poulin-Chartrand a plaidé coupable aux cinq chefs d’infraction de l’OPQ.

Il a reconnu s’être procuré de puissants stupéfiant­s au marché noir (méthadone, cocaïne, oxycodone, morphine) en 2016, et avoir volé des comprimés dans la pharmacie où il travaillai­t.

C’est la deuxième fois que M. Poulin-Chartrand a des démêlés avec l’OPQ pour ce type d’infraction.

En janvier 2013, il a été radié pendant quatre mois pour avoir volé des médicament­s dans la pharmacie où il travaillai­t, notamment du fentanyl (un puissant narcotique).

« Ça démontre un sérieux manque de jugement profession­nel de sa part », a dit Nathalie Vuille, avocate du syndic.

« On est devant un récidivist­e », a-t-elle souligné.

L’actuelle plainte a été déposée en février dernier à l’OPQ par la propriétai­re d’une pharmacie de LaSalle qui embauchait M. Poulin-Chartrand.

On lui reprochait son comporteme­nt « très intense, comme s’il avait pris du speed », avait noté une employée. « Il galopait derrière le comptoir », a-t-elle dit.

ARRÊT RESPIRATOI­RE

Le 23 juin 2016, le pharmacien était tellement intoxiqué au travail qu’il a dû être transporté d’urgence à l’hôpital.

Il a même subi un arrêt respiratoi­re durant le transport. À l’hôpital, les tests ont montré qu’il avait consommé plusieurs drogues.

Selon le syndic, un médecin l’a qualifié de « consommate­ur chronique de drogues de rue ». En fait, M. Poulin-Chartrand a développé une dépendance aux opioïdes après une prescripti­on de Dilaudid post-chirurgie, en mars 2016.

Une fois les doses achevées, l’homme, devenu dépendant, s’est tourné vers le marché noir.

« Au début, je n’avais pas reconnu que j’étais accro, a témoigné M. Poulin-Chartrand. Je pensais que c’étaient des symptômes de l’opération. »

« BEAUCOUP PLUS CALME »

Ce dernier a démissionn­é de l’OPQ en août dernier et il suit maintenant des thérapies pour s’en sortir. Il a dit ne pas vouloir retravaill­er comme pharmacien.

« Maintenant, je suis beaucoup plus calme, plus stable. Je suis une différente personne », a-t-il confié.

Les deux parties ont recommandé une radiation de 18 mois. Le Conseil a pris le tout en délibéré.

 ?? PHOTO MARTIN ALARIE ?? Le pharmacien Sébastien Poulin-Chartrand a fait face à l’Ordre des pharmacien­s pour une deuxième fois pour des vols de narcotique­s. Il a plaidé coupable mercredi dernier à cinq chefs d’infraction, ce qui pourrait lui valoir une radiation de 18 mois.
PHOTO MARTIN ALARIE Le pharmacien Sébastien Poulin-Chartrand a fait face à l’Ordre des pharmacien­s pour une deuxième fois pour des vols de narcotique­s. Il a plaidé coupable mercredi dernier à cinq chefs d’infraction, ce qui pourrait lui valoir une radiation de 18 mois.

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