Refoulés aux douanes cubaines à cause d’une rougeur à l’oeil
Un couple s’est vu refuser l’entrée à cause d’une épidémie de conjonctivite
QUÉBEC | Un couple de voyageurs drummondvillois qui croyait bien être en route pour fêter son 10e anniversaire de mariage à Cuba a plutôt été refoulé à la frontière et renvoyé de façon honteuse au Canada en raison d’une épidémie de conjonctivite sur l’île.
Carole Thiboutot et son conjoint, JeanPierre Caron, étaient sur un nuage à l’approche de leur semaine de vacances sur l’île de Cayo Largo, à Cuba.
« Tout était planifié, notre départ était à 7 h de Montréal le 1er septembre pour aller fêter notre 10e anniversaire », raconte le couple qui devait revenir avant le passage de l’ouragan Irma.
Les ennuis ont toutefois commencé dès qu’ils ont mis le pied sur le sol cubain. Avant même de passer les douanes à l’aéroport, des médecins cubains examinaient les yeux de chacun des touristes désirant entrer au pays, et M. Caron s’est immédiatement fait refuser l’accès.
« Depuis environ un an, Jean-Pierre a un problème d’affaissement de la paupière, ce qui cause des rougeurs et de l’inflammation », explique sa conjointe, qui raconte que les médecins se sont mis à dire « conjonctivite » dès qu’ils ont vu son mari. « Ils m’ont dit que moi, je pouvais entrer, mais que lui devait reprendre le vol pour Montréal », s’offusque Mme Thiboutot, qualifiant la situation de ridicule.
TRAITÉS EN CRIMINELS
Craignant que M. Caron ne « contamine l’aéroport », les médecins et les agents de sécurité cubains ont rapidement cherché à lui bander les yeux.
« Il ne faut pas ambitionner non plus », lance alors sa conjointe, qui propose de lui mettre des lunettes soleil. Il semblerait toutefois que ce n’était pas assez sécuritaire au goût des agents de sécurité, qui ont insisté pour couvrir complètement la tête de M. Caron.
« On n’en revenait pas. Ils lui ont mis mon manteau sur la tête et l’ont escorté en dehors de l’aéroport comme si on était des criminels ! C’était honteux d’être traité de cette façon-là devant tous les autres voyageurs alors qu’on n’avait absolument rien à se reprocher », raconte le couple, toujours en colère d’avoir perdu ses vacances.
De retour à Montréal une dizaine d’heures après avoir décollé le matin même, le couple a raconté son épopée aux douaniers canadiens, qui étaient incrédules.
DU JAMAIS VU
« Personne n’avait jamais entendu parler de ça », assure M. Caron, qui a vu son médecin de famille au retour pour s’assurer qu’il s’agissait bien d’un affaissement la paupière. « Ç’a été confirmé immédiatement, il n’y a aucun signe de conjonctivite », précise-t-il.
Au ministère fédéral responsable des voyageurs, Affaires mondiales Canada, on affirme que les autorités cubaines sont en droit de demander un examen médical et de refuser l’entrée à un touriste.
L’agence de voyages Less-Go, où le couple avait acheté son périple, assure toutefois n’avoir reçu aucune directive des autorités cubaines concernant l’épidémie qui frappe l’île.
La direction du voyagiste Caribe Sol a de son côté refusé de commenter l’affaire, disant que la décision relevait du gouvernement cubain uniquement.
La compagnie a depuis fait parvenir une lettre au couple indiquant son refus de rembourser le voyage. Jean-Pierre Caron envisage maintenant de porter sa cause devant les tribunaux.
« C’est ridicule. Ils ont fait quoi, avec cet argent-là ? Ça nous revient. »
«ILS LUI ONT MIS MON MANTEAU SUR LA TÊTE ET L’ONT ESCORTÉ EN DEHORS DE L’AÉROPORT COMME SI ON ÉTAIT DES CRIMINELS !» - Carole Thiboutot