Madrid demande aux indépendantistes d’arrêter
Le chef du gouvernement espagnol dit que « l’état de droit a empêché » le scrutin
MADRID | (AFP) Le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy a appelé hier les indépendantistes catalans à reconnaître que le référendum d’autodétermination « n’aura pas lieu », en raison de plusieurs mesures gouvernementales ayant porté un coup sévère à l’organisation du scrutin.
« Le plus judicieux, le plus raisonnable et le plus démocratique, aujourd’hui, serait d’arrêter. Qu’ils [les indépendantistes] disent qu’il n’y aura pas de référendum, ils savent qu’il n’aura pas lieu », a déclaré Mariano Rajoy aux membres de son parti conservateur, le Parti populaire (PP), lors d’un déplacement à Palma de Majorque, aux Baléares.
Selon lui, les responsables indépendantistes catalans « sont responsables de ce qui se passe. Aujourd’hui, ils savent en outre que l’état de droit a empêché le référendum, ils le savent, ils en sont pleinement conscients ».
Le gouvernement espagnol est par ailleurs allé plus loin dans les mesures hier, le ministère de l’Intérieur ayant déclaré qu’il voulait coordonner toutes les forces de police dans la région de Catalogne en vue d’empêcher ce référendum du 1er octobre.
Cela inclut les « Mossos d’Esquadra », la police catalane d’ordinaire sous le contrôle du ministère de l’Intérieur du gouvernement régional catalan. Son responsable, Joaquim Forn, a dénoncé une tentative de Madrid de prendre le commandement des forces, qu’ils (les indépendantistes) n’« accepteront » pas.
« INGÉRENCE DE L’ÉTAT »
Son ministère envisage désormais des mesures judiciaires contre « cette ingérence de l’État », a indiqué Joaquim Forn sur Twitter.
Cette semaine, Madrid a lancé une vaste opération policière et judiciaire en Catalogne, compliquant l’organisation du référendum, déclaré anticonstitutionnel par le gouvernement central.
Plusieurs organisateurs de ce référendum sont poursuivis pour désobéissance, détournement et abus de pouvoir.
Sur le plan judiciaire, un procureur espagnol a demandé l’ouverture d’une enquête pour « sédition », délit passible de prison, après des manifestations contre une opération policière à Barcelone au cours desquelles des gardes civils avaient été chahutés.
Vingt-quatre personnes soupçonnées de préparer le vote ont été condamnées par la Cour constitutionnelle à payer chacune, selon les cas, 6000 ou 12 000 euros (8840 $ ou 17 685 $) par jour, « jusqu’à ce qu’elles respectent les résolutions » de la justice.
S’ils reconnaissent que ces mesures ont porté un coup très sévère à la préparation du scrutin, les indépendantistes catalans restent toutefois mobilisés.
Le président de la région, Carles Puigdemont, a publié hier sur Twitter un nouveau lien répertoriant les lieux où les Catalans pourront voter le 1er octobre, alors que les précédents avaient été retirés d’internet.
À MONTRÉAL
Dans les rues de Barcelone, les manifestations s’étaient calmées, hier. Plusieurs dizaines d’étudiants s’étaient rassemblés dans un bâtiment de l’université de la capitale administrative et économique de la Catalogne.
Pendant ce temps, à Montréal, environ 200 personnes ont manifesté pacifiquement devant le Consulat d’Espagne pour montrer leur appui au peuple catalan.
Le chef du Parti québécois Jean-François Lisée, la chef du Bloc québécois Martine Ouellet ainsi que Manon Massé, co-porte-parole de Québec solidaire, et Sol Zanetti, chef d’Option nationale, ont pris part au rassemblement, tout comme plusieurs élus de l’Assemblée nationale et de la Chambre des Communes.