Le Journal de Montreal

Être humain

- lise.ravary@quebecorme­dia.com @liseravary LISE RAVARY Blogueuse au Journal e

J’ai l’intention de profiter de ce dernier dimanche d’été en automne. Mes filles passent la journée avec nous, à la campagne. Nous allons nous baigner pour la dernière fois en 2017. Pour souper, j’ai préparé un bouilli, suivi d’un crumble pommes-prunes.

Quand ce sera l’heure des bye bye au bout du chemin, nous nous dirons que la vie est douce.

J’écris ces lignes avec la une du magazine français Le point sous le nez. On y voit Kim Jong-un mort de rire, les cheveux au vent. Derrière lui, un sous-marin d’où aurait été tiré un missile balistique.

Il porte une épinglette rouge avec les tronches de son père et de son grandpère qui seraient si si fiers de voir fiston réaliser le rêve dynastique de faire de la Corée du Nord un État nucléaire.

Je remarque qu’il a les ongles impeccable­ment manucurés. Après tout, on dit que ce salaud vaut environ 5 milliards $. Comme Trump.

PEUR DE LA BOMBE H

Je ne sais pas si les menaces d’anéantisse­ment que se lancent Kim Jong-un et Donald Trump vous empêchent de dormir la nuit, mais je n’arrive pas à m’inquiéter outre mesure. Et c’est cela qui m’inquiète. Normalemen­t, nous devrions être terrifiés par ces deux chefs d’État instables, impulsifs et menés par leur ego. Qui sait comment tout cela va se terminer, mais j’imagine mal l’un ou l’autre reculer et admettre la défaite avant la bataille.

J’étais petite, mais je me souviens très bien de l’atmosphère de terreur qui régnait au moment de la crise des missiles russes à Cuba en 1962 quand le monde a frôlé la guerre nucléaire entre les États-Unis et la Russie. Tout est différent aujourd’hui.

La Corée du Nord n’est pas la Russie, mais une erreur technique, une mauvaise lecture d’un geste de l’ennemi, une colère et c’est parti. Le président américain est accompagné nuit et jour d’un militaire qui porte la valise contenant les codes nucléaires. Au cas où.

La décision de lancer une attaque lui appartient à lui seul. Même chose pour Kim Jong-un. Voilà ce qui devrait nous effrayer. Mais en ce dimanche, la vie est douce.

TROP-PLEIN

Les réseaux sociaux nous permettent de savoir et de voir en direct tout ce qui se passe, même dans les coins les plus reculés du monde. Et si c’était trop ?

Quand la menace de guerre nucléaire n’arrive pas à troubler notre sommeil, dois-je en conclure que cette déferlante d’informatio­ns est en train de nous désensibil­iser ?

Outre la menace nucléaire, la semaine a été riche en événements spectacula­ires, mais à bien y réfléchir, rien ne m’a touchée autant que la mort d’un inconnu de 71 ans à la bouille sympathiqu­e, un certain Yvon Lacasse. Ce pauvre homme qui a eu le malheur de croiser Ugo Fredette en folle cavale.

Si la mort injuste de quelqu’un que je ne connaissai­s pas peut m’émouvoir à ce point, je suis rassurée : je suis encore humaine.

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