Neuf mois pour changer
Danie, l’héroïne du roman L’enfantement d’Éveline MarcilDenault, n’est pas enceinte. Pourtant, en 38 semaines, on la verra se métamorphoser. Et ça ne sera pas banal pour cette asociale, obsédée du travail !
Il sonne bien juste, ce roman qui met en scène une workaholic qui arrive au bureau aux aurores, rentre les jours de congé, limite ses contacts avec ses collègues et se montre d’un perfectionnisme intransigeant.
Au quotidien, de tels spécimens ne sont pas rares. L’auteure le sait d’autant mieux que, formée en psychologie, elle a travaillé dans ce domaine et publié des ouvrages sur la psychologie au travail et les processus d’embauche. En faisant de sa Danie une cadre dans un cabinet de recrutement, Éveline Marcil-Denault parle donc d’un univers qu’elle connaît bien.
PERTE DE CONTRÔLE
Mais la solide armure derrière laquelle Danie se réfugie va se fissurer. Et ça démarrera sur une banalité. Un matin, elle constate que le discret gardien de l’édifice où elle travaille – et qu’elle ne salue jamais – est parti à la retraite. Le nouveau qui le remplace est jeune, bohème, taquin et bien déterminé à attirer son attention.
De plus, une de ses collègues annonce qu’elle est enceinte. Réjouissance des autres filles du bureau ! Danie, elle, n’a qu’une réaction, certes intérieure, mais que tout le monde comprend : « À peine arrivée au bureau, et déjà enceinte ! » Bonjour l’ambiance plombée, qui ira en empirant.
Et puis, il y a ce super-candidat qu’elle place dans un super-poste malgré son jeune âge, et cette jeune candidate tout aussi qualifiée restée sur le carreau, qui décide de protester et à qui, curieusement, Danie s’attache.
Sans oublier ce blogue destiné aux femmes qui n’ont pas d’enfants et où tout à coup, allez savoir pourquoi, elle se met à écrire des méchancetés, bien cachée sous un pseudonyme.
Bref, ça retrousse de partout : le contrôle absolu que Danie avait sur ses émotions se dérègle.
CHAPITRES DE « GESTATION »
Nous suivons l’évolution de la situation exactement comme une grossesse puisque les chapitres sont divisés par semaine de gestation et titrés en conséquence. On débute donc avec la « Semaine 1 – Fécondation » jusqu’à l’épilogue « post-partum ».
À travers Danie, c’est un fin portrait du monde du travail qui est ici dressé. On le sait déjà, bien des aspects de la vie sont sacrifiés sur l’autel de la routine et de la performance. Mais le roman l’expose à petites touches d’humour et d’ironie.