Un couple porteur de joie
Julianne Séguin-Charlie Bilodeau, le dernier projet de l’entraîneuse Josée Picard
Il y a des projets de retraite, mais il y a aussi des projets avant la retraite. Au bout d’une carrière de 44 ans en patinage artistique, Josée Picard dit avoir trouvé dans le couple Julianne Séguin et Charlie Bilodeau l’épisode idéal pour finaliser l’oeuvre de sa vie d’entraîneuse.
Promise au Temple de la renommée de Patinage Canada depuis le mois d’août, la dame de 60 ans ne le cache pas : le couple prometteur de patineurs québécois qu’elle dirige depuis cinq ans représente « mon dernier projet ». La révélation n’a rien d’alarmant ni d’expéditif quand on sait qu’un « projet », dans le langage de cette discipline, s’étale sur au moins deux cycles olympiques.
« Quand tu t’investis dans ça, tu sais que c’est un projet à long terme. C’est quelque chose qui demande une dizaine d’années pour arriver à quelque chose. Julianne et Charlie m’ont redonné le goût de continuer et de m’investir », avoue la guide d’expérience, qui a notamment travaillé avec les médaillés olympiques Isabelle Brasseur et Lloyd Eisler et les champions mondiaux Shae-Lynn Bourque et Victor Kraatz.
« UN CHARME DE LES CÔTOYER »
Il y aurait eu matière à réfléchir sur ce métier après la dernière année qu’ont vécue les deux patineurs.
Une série de commotions cérébrales subies par Julianne Séguin a privé le couple d’une précieuse période d’entraînement depuis le printemps pour raffiner leurs programmes, ce qui est loin de l’idéal à l’approche d’une saison olympique.
Mais ce travail ne repose pas que sur des frustrations. La relation développée depuis cinq ans nourrit depuis longtemps la certitude de l’entraîneuse que ce duo en vaut la peine.
« Ce que je découvre avec eux, c’est la joie de continuer à faire ce travail après tant d’années. Ils font la démonstration que ça n’a pas besoin d’être toujours compliqué. Avec eux, c’est facile. C’est un charme de les côtoyer parce qu’ils ont tous les deux une belle personnalité. Il n’y a jamais d’animosité entre les deux », dit-elle spontanément.
EN SYMBIOSE
Elle à 4 pi 11 po et lui à 5 pi 11 po, Julianne Séguin et Charlie Bilodeau possèdent l’écart adéquat dans les physiques pour les besoins de cette discipline. Le reste appartient au « millage » à aller chercher dans les entraînements, ce qui a manqué au couple dans les derniers mois et qu’on a vite décelé avec leur troisième place et leur modeste pointage de 61,72 au programme court de vendredi.
Si la confiance, la flexibilité et l’amplitude dans les mouvements s’acquièrent à la longue, il y a autre chose d’essentiel aux chances de réussite dans cette industrie : la complicité naturelle. Dans ce cas-ci, ça semble acquis, selon Josée Picard, qui vit avec eux une trentaine d’heures par semaine.
« Ils ont une chimie, une symbiose entre eux deux qui ne s’explique pas. Ce qu’on voit sur la glace, c’est ce que moi je vois à l’entraînement cinq jours sur cinq. Ce sont des compagnons qui collaborent pour le même but. »
Et qui contribuent à ce que la passion de leur entraîneuse ne s’éteigne jamais...