Le Journal de Montreal

LE GRAND RISQUE DE VILLENEUVE

- MAXIME DEMERS Le film Blade Runner 2049 prendra l’affiche vendredi prochain (le 6 octobre).

Les attentes étaient énormes, la pression aussi. Mais malgré tout le poids qui pesait sur ses épaules, le cinéaste québécois Denis Villeneuve dit avoir joui d’une grande liberté pour la réalisatio­n de la suite du film culte de science-fiction Blade Runner, son projet le plus ambitieux et le plus casse-gueule de sa carrière à ce jour. « J’ai eu carte blanche », assure-t-il en entrevue.

Pour cette méga production hollywoodi­enne considérée comme le film le plus attendu de l’automne sur la planète cinéma, Villeneuve a donc eu la chance d’avoir la pleine confiance de ses producteur­s, qui lui ont fourni un budget colossal pour tourner le film (près de 200 M$) et qui lui ont même laissé la liberté de choisir le montage final du long métrage.

Mais le Québécois a aussi eu la bénédictio­n du réalisateu­r du premier Blade Runner, Ridley Scott, qui lui a assuré qu’il était le seul maître aux commandes de cette suite.

« C’était une de mes conditions avant d’accepter de réaliser le film de pouvoir m’asseoir avec Ridley Scott pour lui demander si c’était correct que je le fasse, a expliqué hier Villeneuve en entrevue au Journal.

Je lui ai dit : c’est simple, soit vous me donnez votre bénédictio­n et je le fais. Ou soit vous me dites non et je sors d’ici en vous serrant la main, mais je ne fais pas le film. C’était impossible pour moi de faire le film sans avoir son accord. On a eu une super belle discussion. Il a été très cordial et généreux en me parlant longuement de la genèse du premier film. Puis, il m’a dit : ce film est le tien. Tu en es responsabl­e. Je te donne carte blanche. Tu en fais ce que tu veux. Si tu as besoin de moi, tu peux m’appeler. Mais c’est ton film. »

UN HOMMAGE AU FILM ORIGINAL

L’intrigue de Blade Runner 2049 se déroule en 2049, soit trente ans après l’histoire du film de Ridley Scott. On y suit la quête d’un officier de la police de Los Angeles (Ryan Gosling) qui mène une enquête qui l’incitera à se lancer sur les traces de l’ancien policier Rick Deckard (Harrison Ford) qui a disparu depuis une trentaine d’années. Ce nouveau Blade Runner est très fidèle au classique de Ridley Scott paru en 1982, autant dans son esprit, sa forme et son ton. Très fier et satisfait du résultat final, Villeneuve dit d’ailleurs avoir abordé cette suite comme un « hommage » et « une lettre d’amour » au film original.

« Je n’ai pas essayé de m’éloigner du film original, dit-il. Au contraire, je l’ai gardé proche de moi tout au long du processus. C’était une référence pour moi, pour savoir si j’étais dans le bon ton. Souvent, je repensais au film original pour vérifier si j’allais dans la bonne direction. C’est la première fois que je faisais un film en référence à un autre film. C’est un processus que je n’avais jamais fait avant. C’était singulier comme travail. Et c’était angoissant parce que j’aime beaucoup le premier film. »

DES DÉCORS « SURRÉALIST­ES »

Blade Runner 2049 a été tourné sur une période de cinq mois dans des studios de Budapest, en Hongrie. À la demande de Villeneuve, de vrais décors reproduisa­nt l’univers sombre et futuriste de Blade Runner ont été construits en studio spécifique­ment pour le tournage du film : « À mon grand bonheur, les producteur­s ont accepté qu’on tourne dans de vrais décors en studio, a expliqué Villeneuve. C’est plus rare qu’on voit cela aujourd’hui parce que la plupart des gros films du genre sont tournés sur fond vert. C’était donc un luxe qu’on se permettait. Et ç’a donné lieu à des scènes surréalist­es où, quand on allumait les lumières pour tourner, on se retrouvait d’un seul coup plongé dans l’univers de Blade Runner. Tous les acteurs ont eu le même sentiment en voyant cela. Même Harrison Ford a eu la gueule à terre quand il s’est retrouvé sur le plateau pour la première fois. C’était immersif comme expérience. Souvent, en débarquant sur le plateau le matin, je me disais : “je ne pensais jamais vivre cela un jour dans ma vie” ».

 ?? PHOTO CHANTAL POIRIER ?? Denis Villeneuve a la pleine confiance de ses producteur­s pour le tournage du film tant attendu.
PHOTO CHANTAL POIRIER Denis Villeneuve a la pleine confiance de ses producteur­s pour le tournage du film tant attendu.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada