Retour des culottes de clown
La force constabulaire de la Rive-Nord est même prête à défier la future loi sur les uniformes
Un an après avoir remis leur uniforme réglementaire, les policiers de Saint-Jérôme ressortent leurs « pantalons de clown », insatisfaits de leurs conditions salariales.
Les 130 syndiqués de ce corps de police municipal ont renoué, hier, avec le pantalon de type camouflage, qu’ils avaient porté entre 2014 et 2016 pour protester contre les changements à la Loi sur les régimes de retraite.
Ils comptent utiliser ce moyen de pression tant que leur convention collective ne sera pas renouvelée.
Les policiers de Saint-Jérôme sont sans convention depuis le 31 décembre 2016. La Ville et le syndicat ont entamé les négociations au printemps.
« Tout allait bien, mais rendu à l’aspect monétaire, la Ville ne nous donne rien », explique Claude Traversy, président de l’association des policiers de Saint-Jérôme Métropolitain.
Le syndicat souhaite un rattrapage salarial par rapport aux autres corps policiers.
« On est la ville la plus criminalisée au Québec et les policiers de Saint-Jérôme sont les derniers en matière de rémunération globale. »
« La Ville admet qu’il y a un rattrapage salarial à faire, mais elle ne nous donne que l’augmentation salariale de base de 2 à 3 % comme ils ont donné à tous les employés municipaux », explique M. Traversy.
Le maire n’était pas disponible pour répondre à nos questions, hier.
ARMOIRIES CAMOUFLÉES
En plus des pantalons camouflages, les policiers ont aussi collé des bandes adhésives sur les voitures de patrouilles pour masquer le logo du corps de police.
« Selon les avis juridiques qu’on a, les seules informations qu’on n’a pas le droit de cacher sont le mot “police”, “911” et le numéro du véhicule », précise-t-il.
Les policiers des villes de Mascouche et de Sainte-Thérèse portent également des pantalons de type camouflage. La Fraternité des policiers de la Régie de police Thérèse-De Blainville négocie sa convention collective et a recours à ce moyen de pression depuis quelques semaines. Des autocollants ont aussi fait leur apparition au dos de leur veste pare-balle depuis quelques jours.
Or d’ici quelques semaines, leurs moyens de pression risquent d’être sanctionnés. Les députés doivent voter prochainement sur le projet de loi 133 qui interdira le port du pantalon de clown. Tout policier qui désobéira s’exposera à une amende 500 à 3000 $.
DÉFIER LA LOI
Cette perspective n’effraie pas les policiers de Saint-Jérôme.
« On va continuer à porter le pantalon et on va contester les mesures qui seront prises contre les policiers », insiste M. Traversy.
« Les policiers n’ont pas le pouvoir de faire la grève. Les uniformes et collants sont et resteront les seuls moyens visibles qu’on peut utiliser », ajoute-t-il.
Le ministre de la Sécurité publique Martin Coiteux a rappelé hier que ce moyen de pression est « déplorable » et « incompatible » avec la fonction de policier dont la mission est de s’assurer du respect de la loi et l’ordre.
La Fédération des policiers municipaux entend contester la loi devant les tribunaux dès son adoption. Jusqu’en juin, les policiers de Montréal ont aussi porté le pantalon de clown pendant trois ans pour protester contre la loi sur les régimes de retraite et entendent contester la future loi.