Le Journal de Montreal

Les essais promis à Carpentier étaient bidon

Jamais il n’a été question d’un volant dans la série pour le pilote québécois

- Louis Butcher LButcherJD­M louis.butcher

Confronté à une pluie de critiques pendant les semaines précédant la venue des bolides de Formule électrique, l’été dernier à Montréal, Denis Coderre a voulu calmer le jeu au lendemain de la course, le 31 juillet, en dressant un bilan… positif de l’événement.

Cette conférence de presse a pris une tournure inattendue quand le maire a annoncé en grande pompe que Patrick Carpentier obtiendrai­t un essai pour l’obtention éventuelle­ment d’un volant à temps plein dans la série, à l’occasion de la quatrième saison qui s’amorcera à Hong Kong dans deux mois.

Si le vétéran pilote québécois a bel et bien participé, en début de semaine, à cette séance, lundi au circuit de Valence, en Espagne, il en est revenu confus et… bredouille.

« J’ai rapidement constaté, sur place, que jamais il n’a été question de prendre contact avec des écuries existantes, a expliqué Carpentier, en entrevue au Journal. On m’a fait boucler huit tours en fin de journée, sans avoir eu la chance de me mêler aux pilotes réguliers de la FE.

« En plus, on m’a confié la voiture de démonstrat­ion [qui n’a rien à voir avec les monoplaces de nouvelle génération], au volant de laquelle j’avais effectué quelques tours de piste symbolique le vendredi, à Montréal, à la veille de la première course en juillet. »

À QUI LA FAUTE ?

Les pourparler­s entre la direction de la FE et Carpentier pour cet essai bidon ont commencé le samedi 29 juillet à Montréal.

« J’avais alors refusé cette invitation, relate le principal intéressé, parce que je ne me sentais pas prêt à m’embarquer à temps plein dans cette série. Mais, le lendemain, à l’occasion du banquet de la course à Montréal, on est revenu à la charge.

« Et pas n’importe qui, poursuit-il. Le président de la Fédération internatio­nale de l’automobile, Jean Todt, présent à Montréal, et le président de la FE, Alejandro Agag ont persisté.

« Ils m’ont dit que c’était une chance en or qui s’offrait à moi, rétorque Carpentier. Que je n’avais rien à perdre ! J’ai finalement accepté. »

DES ATTENTES

Or, à deux semaines de la tenue de ces essais, il a eu un sérieux doute en sachant qu’il n’y avait plus aucun espoir de décrocher un volant.

« J’aurais aimé avoir eu l’heure juste, dit-il. L’avoir su, je ne me serais jamais déplacé avec autant d’attentes. »

Si Agag n’était pas sur place en Espagne, des responsabl­es de la FE l’ont accueilli pour préparer son bolide.

« Ils étaient tous surpris de me voir arriver d’aussi loin, sachant que je n’aurais que quelques tours à ma dispositio­n », a expliqué Carpentier.

« UN PROBLÈME DE COMMUNICAT­ION »

À son retour à Montréal, le pilote de 46 ans a reçu un appel de Denis Coderre, qui a paru tout aussi surpris de la tournure des événements.

« Je comprends qu’il y a un problème de communicat­ion, a répondu le maire de Montréal dans un texto que nous lui avons adressé. Mais je n’ai aucun commentair­e à émettre… »

Au lendemain de la course de Montréal, Agag n’en revenait pas du traitement médiatique accordé à la Formule E.

« Je ne connais aucun endroit dans le monde où on s’acharne autant sur la FE », avait alors déclaré le président.

Force est de constater que ce nouvel épisode, qui a toutes les allures d’une opération de marketing sans fondement, ne viendra certes pas raviver l’image de ce championna­t à Montréal.

Carpentier s’est fait flouer par la FE. On s’est moqué de lui. Un traitement qu’il ne méritait pas. Coderre disait souhaiter la présence du pilote local pour mousser la promotion de son événement. On oublie ça.

« Moi, c’est terminé, a déclaré Carpentier. J’aurais dû exiger un document écrit avant d’accepter. Le pire, c’est que je me suis entraîné pendant deux mois pour me préparer à ce test. Huit petits tours ne m’ont certes pas fatigué. »

Carpentier n’envisage aucun recours judiciaire contre l’organisati­on montréalai­se ou la FE.

« Si on veut m’embaucher à nouveau en 2018 à titre de porte-parole, je suis prêt à assumer ce rôle. »

QUI A PAYÉ ?

Reste maintenant à savoir qui a défrayé les coûts des déplacemen­ts de Carpentier en Espagne. La Formule E? La ville de Montréal ? Allez savoir. La FE est un dossier chaud pour lequel plusieurs questions demeurent sans réponses.

« Au moins, conclut Carpentier, je me suis bien amusé, bu du bon vin et découvert l’Espagne. Je suis disposé à me déplacer en Australie, toutes dépenses payées, la semaine prochaine si on le souhaite... »

Les deux premières épreuves de la quatrième saison de FE auront lieu à Hong Kong, les 2 et 3 décembre 2017. Comme l’an dernier, Montréal sera l’hôte des deux dernières étapes du championna­t, les 28 et 29 juillet 2018.

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PHOTO D’ARCHIVES, BEN PELOSSE S’il avait eu l’heure juste, Patrick Carpentier dit qu’il ne se serait jamais rendu en Espagne, lundi, pour un essai bidon qui devait lui permettre de trouver du travail en FE.
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PATRICK CARPENTIER Pilote
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