Le Journal de Montreal

On aurait demandé à Harding de mettre moins de freins

La demande d’éteindre les moteurs pourrait aussi avoir affaibli le système de freinage

- CAROLINE LEPAGE

SHERBROOKE | Thomas Harding s’était déjà fait reprocher par un dirigeant de la MMA d’appliquer trop de freins à ses locomotive­s. On lui a aussi demandé de fermer le moteur de la locomotive en été pour que ça coûte moins cher.

L’avocat du conducteur du train, Thomas Walsh, a demandé hier à l’enquêteur principal de la SQ, Mathieu Bouchard, s’il se souvenait du courriel d’un dirigeant de la MMA qui reprochait au conducteur du train Thomas Harding d’appliquer les freins automatiqu­es, en gardant le moteur des locomotive­s allumé, l’été. Il augmentait ainsi les coûts de carburant.

Rappelons que le fait d’éteindre les moteurs peut diminuer la puissance du système de freinage

Selon Me Walsh, la MMA recommanda­it à Harding de stationner son train dans la voie ferrée principale plutôt que la voie secondaire munie d’un dérailleur afin de garder celle-ci pour un client.

Selon l’avocat, ces facteurs ont contribué à la tragédie qui a coûté la vie à 47 personnes.

Harding et deux autres anciens employés, Jean Demaitre et Richard Labrie, font face à des accusation­s de négligence criminelle causant la mort des 47 victimes.

ENQUÊTE EN PROFONDEUR

Hier, Me Walsh a tenté de démontrer que l’enquête de la SQ était dirigée vers les trois accusés. L’enquêteur Bouchard a dit que l’enquête de la SQ avait été menée en profondeur. Les enquêteurs se sont déplacés environ cinq fois aux États-Unis pour interroger 31 employés de la MMA, avec la collaborat­ion d’autorités policières américaine­s, comme le FBI.

Me Walsh a questionné M. Bouchard pour savoir s’il s’était informé, lorsqu’il a rencontré les responsabl­es de la maintenanc­e, dans le Maine, afin de savoir pourquoi le piston défectueux de la locomotive 5017, qui a pris feu avant le dérailleme­nt à Nantes, avait été mal réparé.

« Un fax avait été envoyé le 4 ou le 5 juillet, mais la locomotive ne s’est jamais rendue à l’atelier », a-t-il répondu.

De plus, le procureur a demandé à l’enquêteur s’il savait pourquoi la technologi­e qui devait activer le système de freinage d’urgence de la locomotive 5017 n’était pas fonctionne­lle le 6 juillet 2013.

Pour Me Walsh, ces questions sont au coeur du litige. Le fait qu’elles n’aient pas toutes été élucidées lui laisse croire que l’enquête était dirigée vers les trois coaccusés.

M. Bouchard a rappelé les 200 témoins rencontrés et les nombreuses perquisiti­ons effectuées pour cette enquête.

« Notre priorité était d’avoir la vérité sur cette tragédie », a-t-il assuré.

Au jour 3 : Un enquêteur a reconnu que Thomas Harding avait collaboré à 100 % le lendemain de l’explosion. Mardi prochain : Deux policiers dévoileron­t le fruit de leur perquisiti­on informatiq­ue et documentai­re effectuée le 25 juillet 2013 au bureau de la MMA.

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PHOTO ARCHIVES AFP Une série de mauvaises décisions ont mené à l’explosion du train le 6 juillet 2013 à Lac-Mégantic. À droite, Thomas Harding.
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THOMAS WALSH Avocat

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