On aurait demandé à Harding de mettre moins de freins
La demande d’éteindre les moteurs pourrait aussi avoir affaibli le système de freinage
SHERBROOKE | Thomas Harding s’était déjà fait reprocher par un dirigeant de la MMA d’appliquer trop de freins à ses locomotives. On lui a aussi demandé de fermer le moteur de la locomotive en été pour que ça coûte moins cher.
L’avocat du conducteur du train, Thomas Walsh, a demandé hier à l’enquêteur principal de la SQ, Mathieu Bouchard, s’il se souvenait du courriel d’un dirigeant de la MMA qui reprochait au conducteur du train Thomas Harding d’appliquer les freins automatiques, en gardant le moteur des locomotives allumé, l’été. Il augmentait ainsi les coûts de carburant.
Rappelons que le fait d’éteindre les moteurs peut diminuer la puissance du système de freinage
Selon Me Walsh, la MMA recommandait à Harding de stationner son train dans la voie ferrée principale plutôt que la voie secondaire munie d’un dérailleur afin de garder celle-ci pour un client.
Selon l’avocat, ces facteurs ont contribué à la tragédie qui a coûté la vie à 47 personnes.
Harding et deux autres anciens employés, Jean Demaitre et Richard Labrie, font face à des accusations de négligence criminelle causant la mort des 47 victimes.
ENQUÊTE EN PROFONDEUR
Hier, Me Walsh a tenté de démontrer que l’enquête de la SQ était dirigée vers les trois accusés. L’enquêteur Bouchard a dit que l’enquête de la SQ avait été menée en profondeur. Les enquêteurs se sont déplacés environ cinq fois aux États-Unis pour interroger 31 employés de la MMA, avec la collaboration d’autorités policières américaines, comme le FBI.
Me Walsh a questionné M. Bouchard pour savoir s’il s’était informé, lorsqu’il a rencontré les responsables de la maintenance, dans le Maine, afin de savoir pourquoi le piston défectueux de la locomotive 5017, qui a pris feu avant le déraillement à Nantes, avait été mal réparé.
« Un fax avait été envoyé le 4 ou le 5 juillet, mais la locomotive ne s’est jamais rendue à l’atelier », a-t-il répondu.
De plus, le procureur a demandé à l’enquêteur s’il savait pourquoi la technologie qui devait activer le système de freinage d’urgence de la locomotive 5017 n’était pas fonctionnelle le 6 juillet 2013.
Pour Me Walsh, ces questions sont au coeur du litige. Le fait qu’elles n’aient pas toutes été élucidées lui laisse croire que l’enquête était dirigée vers les trois coaccusés.
M. Bouchard a rappelé les 200 témoins rencontrés et les nombreuses perquisitions effectuées pour cette enquête.
« Notre priorité était d’avoir la vérité sur cette tragédie », a-t-il assuré.
Au jour 3 : Un enquêteur a reconnu que Thomas Harding avait collaboré à 100 % le lendemain de l’explosion. Mardi prochain : Deux policiers dévoileront le fruit de leur perquisition informatique et documentaire effectuée le 25 juillet 2013 au bureau de la MMA.