Québec en manque de mécaniciens
La pénurie de main-d’oeuvre touche fortement le secteur automobile de la région de la Capitale nationale
QUÉBEC | Les garages de la région de Québec font face à une grave pénurie de mécaniciens et d’hommes de service qui les obligent à embaucher de plus en plus de main-d’oeuvre du Mexique et de l’Amérique du Sud.
« C’est un problème croissant depuis cinq ans et on s’en va dans une problématique majeure. Les trois prochaines années vont être difficiles à traverser », lance Jean-Guy Roy, directeur général du Groupe Desharnais, qui gère cinq ateliers.
« Je pourrais engager huit mécaniciens demain matin et ils travailleraient à temps plein », ajoutet-il. Bien que difficile à chiffrer, la pénurie touche l’ensemble des corps de métier des ateliers. Mais elle se fait sentir plus cruellement chez les mécaniciens.
« J’ai cherché quelqu’un pendant des années, mais un bon mécanicien, y’en a pas », constate Jean-Marc Morissette, propriétaire de l’Atelier mécanique Cap-Santé. « À la fin, j’étais même prêt à céder des parts pour intéresser quelqu’un. Les jeunes ne veulent plus se salir et ne veulent faire que du 8 à 5 », dit le garagiste, qui s’est finalement résolu à exploiter son garage seul.
IMMIGRATION
La saison des changements de pneus s’amorce. Une entreprise comme Desharnais a besoin de 40 à 50 hommes de service pour chacune de ces périodes qui durent environ deux mois. Mais les travailleurs des secteurs du terrassement et des piscines ne suffisent plus à combler les besoins.
« On travaille de plus en plus à recruter de la main-d’oeuvre de l’extérieur du pays, sur des filières comme le Mexique ou des étudiants étrangers qui cherchent un travail d’appoint, pour poser des pneus. On leur montre le métier », raconte M. Roy.
« Il y a quatre ans, j’ai vu passer deux demandes provenant de l’Amérique du Sud et cinq ou six de la France pour venir travailler dans des garages ici. Cette année, il y a eu une trentaine de demandes de l’Amérique du Sud et 15 ou 20 de la France », lance Patrice Lemire, directeur général du Comité paritaire de l’industrie des services automobiles de la région de Québec (CPA Québec).
Jacques Maheux, du CAA Québec, est responsable des services aux garages recommandés. Il est en contact avec 427 ateliers aux quatre coins du Québec et juge que la pénurie touche toute la province. « Les travailleurs étrangers, c’est une tendance. On est rendu là. Ça va nous prendre du monde qui entre au Québec. »
LA RÉMUNÉRATION
C’est en se comparant aux chiffres des cinq autres CPA de la province que Patrice Lemire, du CPA Québec, se base pour affirmer que la grande région de Québec est la plus durement touchée par la pénurie.
En conséquence, les entreprises de la région doivent payer davantage leurs employés. « En moyenne, les salaires payés à Québec sont de 2 à 4 $ supérieurs à ceux des autres régions de la province, incluant Montréal », précise M. Lemire.
Mais le décret ne reflète pas suffisamment la réalité, selon Jean-Guy Roy. « Ça décourage le jeune à se spécialiser dans notre domaine. Il y en a beaucoup des passionnés de l’auto, mais pour ces raisons ils vont bifurquer ailleurs. Ça alimente la pénurie. C’est un domaine très exigeant, mais si le travailleur se compare à celui d’un autre domaine manuel, il est payé 15 à 20 % moins cher. »