Le Journal de Montreal

L’Espagne et la violence

- Normand Breault

Fin XVe siècle, Isabel la catholique a, sans trop de ménagement, sorti de son Royaume les juifs et les musulmans tout en instaurant la Sainte Inquisitio­n dont on connaît les méthodes, violentes et « peu catholique­s », pour faire avouer - et sanctionne­r - les personnes soupçonnée­s de toutes sortes de maux.

Puis, les conquérant­s espagnols ont sauvagemen­t asservi, quand ils ne les tuaient pas, les membres des peuples vivant dans les Amériques depuis des millénaire­s. Un exemple parmi d’autres, en Nueva Espana (Mexique et Amérique centrale), Cortez apportait la « civilisati­on » avec une telle violence que, témoin de ces massacres sans nom, Samuel de Champlain, est profondéme­nt écoeuré. Celui qui devait fonder la Nouvelle-France quelques années plus tard, en 1608, y a renforcé sa volonté de respecter les « sauvages » avec lesquels il a fait alliance, se distinguan­t ainsi de tous les autres colonisate­urs européens de l’époque.

Beaucoup plus proche de nous, le général Franco, vainqueur des républicai­ns « communiste­s » a instauré au XXe siècle, à la toute fin des années trente, une dictature sanguinair­e qui a duré plus de 35 ans et qui a éliminé à peu près tout ce qu’il y avait de pensée discordant­e. Quant à la Catalogne, nation intégrée de force dans le royaume espagnol au début du XVIIIe siècle, elle a vu écrasée son aspiration légitime à développer ses caractéris­tiques propres, dont la langue catalane.

Serait-ce cet héritage qui expliquera­it l’intransige­ance « constituti­onnelle » et le comporteme­nt extrêmemen­t violent dont a fait montre le gouverneme­nt de Mariano Rajoy dimanche dernier contre les Catalans qui se livrait à l’exercice démocratiq­ue du référendum ? En aucun cas, ce legs pourrait justifier une telle violence.

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