Harvey Weinstein accusé de harcèlement sexuel
Le magnat du cinéma présente ses excuses à quelques victimes
LOS ANGELES | (AFP) Le producteur Harvey Weinstein, l’un des plus puissants d’Hollywood, a présenté ses excuses hier et a déclaré se mettre en « congé » à la suite d’une série d’accusations de harcèlement sexuel révélées dans une enquête du New York Times. Le producteur de Gangs of
New York, qui lui a valu une nomination à l’Oscar du meilleur film, ou de Shakespeare in
Love, lauréat de ce prix prestigieux en 1999, est accusé par plusieurs femmes, dont les actrices vedettes Ashley Judd et Rose McGowan d’avoir tenté de les masser, de les avoir forcées à le regarder nu ou d’avoir promis des aides à leur carrière contre des faveurs sexuelles.
« Je réalise que la façon dont je me suis comporté avec des collègues par le passé a causé beaucoup de douleur, et je m’en excuse sincèrement, a déclaré Harvey Weinstein à la suite de la parution de cette enquête. Mon chemin sera maintenant d’apprendre à me connaître et maîtriser mes démons. (...) Je prévois de prendre un congé de ma société et de m’occuper de ce problème en priorité. »
« J’ai grandi dans les années 60 et 70, quand toutes les règles sur le comportement et les lieux de travail étaient différentes », avance-t-il.
Son avocate Lisa Bloom dit cependant dans un communiqué que Harvey Weinstein qualifie plusieurs de ces accusations comme étant « totalement fausses » . Elle le décrit comme « un vieux dinosaure qui apprend de nouvelles manières » et assure qu’il « lit des livres et suit une psychothérapie ».
DES VICTIMES
D’après le New York Times, citant des membres de la Weinstein Company, le producteur a passé au moins huit accords à l’amiable avec des femmes.
Parmi elles, une jeune assistante dans les années 90, une actrice, une assistante à Londres en 1998, une mannequin italienne en 2015 et Lauren O’Connor, une employée de sa société, peu après.
« Il y a un environnement toxique pour les femmes dans cette entreprise », a écrit Mme O’Connor dans un mémo à plusieurs dirigeants de la maison de production.
Ashley Judd affirme dans le New York Times qu’il y a vingt ans, alors qu’elle était venue le voir pour un petit-déjeuner de travail, il l’a fait monter dans sa chambre d’hôtel où il l’a reçue en peignoir. Il lui aurait alors demandé s’il pouvait la masser ou si elle pouvait le regarder prendre une douche, d’après le quotidien.
Elle dit s’être demandée : « comment puis-je sortir de la chambre le plus vite possible sans m’aliéner Harvey Weinstein? » ajoutant s’être sentie « paniquée, piégée ».
Le quotidien affirme aussi qu’en 1997, la comédienne Rose McGowan a passé un accord amiable de 100 000 dollars avec Harvey Weinstein à la suite d’un autre incident dans une chambre d’hôtel pendant le festival de Sundance. Elle n’avait alors que 23 ans et venait de jouer dans le film d’horreur à succès Scream et allait ensuite apparaître dans la série télé Charmed.
PRESSE À SCANDALES
M. Weinstein s’était retrouvé dans la presse à scandales en mars 2015 après qu’une mannequin italienne, Ambra Battilana, l’eut accusé d’avoir attrapé ses seins et d’avoir mis ses mains sous sa jupe.
Elle a fini par appeler la police mais des poursuites n’ont finalement pas été engagées par le procureur de Manhattan.
Le cofondateur, avec son frère Bob, des maisons de production Miramax (Pulp Fiction, Sexe, mensonges et vidéos, ...) et de The Weinstein Company, a accumulé les récompenses les plus prestigieuses du septième art, à Cannes ou aux Oscars.