UNE MENACE POUR LA SANTÉ ET POUR LA SÉCURITÉ
Au cours des dernières années, le nombre de signalements de personnes qui accumulent de façon excessive des objets hétéroclites les menant à vivre dans des conditions de vie insalubres a augmenté.
L’insalubrité morbide se définit comme un état anormal d’insalubrité majeure, préjudiciable à la santé, et qui contamine ou peut contaminer la nourriture, l’air ou l’eau.
Qu’est-ce que les accumulateurs compulsifs accumulent? Des journaux, des revues, des livres, des vêtements, des notes dans des boîtes, des lettres, des animaux, des déchets, etc.
Pourquoi? « Entre autres parce qu’ils ont une difficulté de détachement. Certains souhaitent garder leurs effets croyant les réutiliser; d’autres veulent les conserver par souci écologique en se disant que, s’ils les jettent, ils pollueront la planète. La valeur sentimentale qu’on accorde aux biens matériels explique également parfois ce genre de comportement », affirme Natalia Koszegi, psychologue et coordonnatrice clinique au Centre d’études sur le TOC et les tics, qui travaille depuis une dizaine d’années avec la clientèle souffrant du Trouble d’accumulation compulsive (TAC). « Les conséquences de vivre dans un endroit insalubre sont néfastes, et cela peut être considéré comme une menace pour la santé et pour la sécurité des occupants, des voisins et des visiteurs », ajoute-t-elle.
DES PROBLÈMES PSYCHOSOCIAUX
Derrière les problèmes d’insalubrité morbide se cachent souvent des problèmes psychosociaux. « Certaines personnes vont s’isoler, dénier la réalité, négliger leur hygiène corporelle, être craintives. Certaines présentent des troubles psychologiques associés comme la démence, la schizophrénie, le syndrome de Diogène, etc. », affirme la psychologue, précisant toutefois que ce ne sont pas tous les accumulateurs qui vivent dans des lieux insalubres.
L’INSALUBRITÉ MORBIDE AFFECTERAIT :
• de 1 à 2 % de la population, généralement des
personnes seules; • 10 % des personnes âgées de 65 ans et plus; • autant les hommes que les femmes; • des personnes qui, dans 40 % des cas, ont un trouble obsessionnel compulsif.
Données prises selon les statistiques publiées dans le document Quand l’insalubrité morbide menace
la santé (Direction de santé publique – Agence de la santé et des services sociaux des Laurentides).
ATTENTION, DANGER!
Lorsqu’un endroit constitue une menace pour ses occupants, il importe d’intervenir. Dans le cadre de la Semaine de la prévention des incendies au Québec, rappelons que, dans un logement encombré, les risques d’incendie sont accrus. Lorsqu’il y a un feu, l’encombrement peut non seulement nuire au sauvetage du ou des résidents, mais aussi mettre en danger la vie des pompiers et autres intervenants, alors que l’accès et l’évacuation des lieux sont plus difficiles.
INTERVENIR, C’EST VITAL!
Les personnes affectées demandent rarement de l’aide. Elles peuvent se sentir dépassées, embarrassées et honteuses. Elles ont peur d’être expulsées de leur logis et vont nier le problème, selon Natalia Koszegi : « Ce sont généralement des membres de la famille ou des voisins qui vont signaler le problème, sinon les cas sont découverts lors d’interventions fortuites. » Comme ces personnes sont généralement peu réceptives aux commentaires, il est suggéré qu’une première intervention soit faite avec une personne de confiance, comme un membre de la famille.
À QUI SIGNALER UN CAS PROBLÉMATIQUE?
Face à une situation d’insalubrité, on peut contacter les ressources suivantes : • sa municipalité (la Centrale du citoyen ou le
Service de l’urbanisme); • le centre de santé et de services sociaux de sa
localité; • le service de sécurité incendie et le service de police de son quartier (pour une intervention d’urgence); • des organismes communautaires ou d’entraide.
Ensuite, c’est du cas par cas. Les intervenants désignés vont évaluer la situation et demander l’aide de partenaires, au besoin, afin de déterminer les façons de rendre viable la demeure, sinon de procéder à l’évacuation du résident. Dans bon nombre de municipalités, il existe des ententes qui permettent de mieux intervenir et d’identifier les actions à prendre pour aider les personnes atteintes. Informez-vous!
À L’AGENDA!
Un premier colloque sur le TAC aura lieu à Montréal en mars 2018. Ce colloque s’adressera aux intervenants de la santé et des services sociaux, aux municipalités, aux services de sécurité incendie, aux personnes atteintes et à leurs proches. De l’information à ce sujet sera publiée sur tictactoc.org.