La parité mise à mal par le SKA
Le SKA de Saint-Pétersbourg a remporté 19 matchs consécutifs pour commencer la saison. C’est un record de la Ligue continentale de hockey (KHL) et la preuve définitive que toutes les tentatives d’établir une parité semblable à la Ligue nationale ont non seulement échoué spectaculairement, mais ont également été complètement abandonnées.
On ne peut plus le nier, la KHL est en route vers le système soviet dans lequel une équipe domine et où le but est de contribuer au développement de l’équipe nationale.
Le SKA, avec 16 victoires en temps réglementaire, une autre en prolongation et deux en tirs de barrage, possède déjà une avance de 20 points sur l’équipe de deuxième place de l’Association de l’Ouest.
La prochaine étape est de battre le record de 39 victoires du CSKA de Moscou établi en 1983-1984. À cette époque, la principale ligue de l’URSS était une farce sur le plan de la compétition, alors que le CSKA était pratiquement une copie de la formation nationale.
L’équipe a subi sa première défaite au printemps face au SKA et n’a pas perdu un seul autre point de la saison, pour terminer avec 28 points d’avance sur la deuxième place et un différentiel de buts de +106. Bien entendu, il n’y avait pas de prolongation ou de fusillade.
COMME LE HOCKEY SOVIET
La domination du SKA amène tout de même les partisans et les experts à questionner la direction prise par les têtes dirigeantes de la ligue, qui semblent s’inspirer du bon vieux temps du hockey soviet.
Il faut considérer ceci : la seule équipe qui peut possiblement compétitionner avec le SKA au point de vue des finances est le CSKA, qui appartient à l’une des plus grandes compagnies pétrolières russes.
En fait, la formation du CSKA est tellement peuplée qu’un système de rotation est en place, et 10 joueurs qui pourraient être parmi les meneurs d’une autre équipe se retrouvent sur la galerie de presse chaque match.
Cette situation est l’objet de nombreuses critiques dans le monde du hockey. Ilya Bryzgalov a d’ailleurs récemment affirmé, avec son style sarcastique bien connu : « C’est bien pour ces joueurs, ils regardent des matchs, ils voient les nuances, ils deviennent des théoriciens du hockey. » Et malgré tout, le CSKA pointe à une lointaine deuxième place.
PLAFOND SALARIAL VARIABLE
Pour les détracteurs, le SKA et, dans une moindre mesure le CSKA, sont les arguments A et B pour demander une réorganisation radicale de la Ligue. La liste des pourfendeurs inclut quelques joueurs bien en vue.
« Quelle est l’utilité d’avoir une ligue si une équipe bat toutes les autres ? » a demandé Nikita Kucherov, du Lightning de Tampa Bay.
« La politique de ces deux équipes n’a pas de sens », a ajouté Evgeni Malkin, des Penguins de Pittsburgh.
« Y a-t-il juste une seule raison de regarder (les matchs) ? » s’est demandé Bryzgalov.
Le problème, bien sûr, repose sur le fait que le plafond salarial de la KHL est flexible et compte des exceptions pour les joueurs vedettes, que seules les équipes riches peuvent embaucher.
Les propositions pour mettre en place un vrai plafond sont évaluées, mais la décision est constamment repoussée puisque la KHL croit que c’est bénéfique pour l’équipe nationale de garder les meilleurs joueurs au sein d’une ou deux équipes.
Un autre problème est le fait que trop d’équipes comptent sur des pratiques financières louches pour demeurer dans le circuit. Le résultat, malheureusement, est une saison prévisible et un produit de piètre qualité.
MINSK EN FORCE
Peut-être est-ce grâce au président du Bélarus Alexander Lukashenko et à ses discours de motivation, ou peut-être est-ce l’entraîneur canadien Gordie Dwyer et sa capacité à tirer le meilleur avec des ressources limitées, mais le Dinamo de Minsk grimpe tranquillement au classement dans une position qui lui permettra de se battre pour une place en séries éliminatoires.
L’équipe de Dwyer, qui compte notamment sur l’ancien espoir du Wild du Minnesota Justin Fontaine et sur un ancien premier choix, Quinton Howden, vient de signer trois victoires de suite, dont une contre le Dynamo de Moscou.
Cette dernière est d’autant plus impressionnante que les joueurs de Minsk ont dû quitter l’autocar dans un bouchon de circulation et prendre le métro pour se rendre à l’amphithéâtre le jour du match.