Le Journal de Montreal

Le financemen­t du pot crée un malaise

- FRANCIS HALIN

À l’approche de la légalisati­on du cannabis récréatif en 2018, les banques sont divisées sur le financemen­t de cette industrie qui rapportera 6 milliards $ d’ici quatre ans, ont-elles fait part au Journal.

« Ça se discute derrière des portes closes. C’est une source de malaise », observe Olivier Gamache, PDG du Groupe investisse­ment responsabl­e (GIR). Selon lui, l’inconfort règne. Investisse­urs et institutio­ns financière­s évitent le sujet.

Bloomberg dévoilait récemment que la Banque TD et la Banque de Montréal avaient au moins 21 comptes de compagnies oeuvrant dans le secteur. La Banque de Montréal n’a pas pu confirmer cette informatio­n.

Mathieu Beaudoin, porte-parole à la Banque TD, admet que son institutio­n offre des comptes bancaires à ces sociétés. « Nous avons quelques clients dans cette industrie, mais nous préférons ne pas dévoiler le nombre exact », indique-t-il.

GRANDE DISCRÉTION

« La Banque Royale du Canada (RBC) n’offre actuelleme­nt pas de services bancaires à des sociétés engagées dans la production et la distributi­on de marijuana », précise Denis Dubé, directeur média de la RBC. Même chose pour la Banque Nationale.

De leurs côtés, ni la Banque Scotia ni la Banque Laurentien­ne n’ont pu dire si des entreprise­s liées au cannabis détenaient des comptes bancaires chez eux. « Desjardins ne finance pas les entreprise­s associées à la production ou la distributi­on du cannabis à des fins médicales, sauf dans le cas d’une pharmaceut­ique », a affirmé Richard Lacasse du Mouvement Desjardins.

Pour Olivier Gamache, patron du GIR, les investisse­urs craignent pour leur réputation. « De quoi allons-nous avoir l’air si on investit là-dedans ? » se demandent-ils selon lui.

Daniel Thouin, président Mouvement d’éducation et de défense des actionnair­es (MÉDAC), compare cette industrie à celle du tabac financée par les banques pendant 100 ans. « Dès qu’il y en aura une qui va y aller, toutes les institutio­ns vont se mettre de la partie », résume-t-il.

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