Le Journal de Montreal

LES QUÉBECOIS ACCROS AUX SOMNIFÈRES

Prescripti­ons en hausse de 41 % en cinq ans

- Elisa Cloutier ECloutierJ­DQ

QUÉBEC | Les Québécois ont de plus en plus recours aux somnifères pour régler leurs problèmes de sommeil, alors que le nombre d’ordonnance­s pour certaines prescripti­ons a bondi de 41 % en cinq ans, selon des données obtenues par Le Journal.

Les spécialist­es et psychologu­es interrogés par Le Journal ne se surprennen­t pas de cette hausse de prescripti­ons, qui peut s’expliquer par des rythmes de vie effrénés, de l’anxiété de performanc­e au travail, une mauvaise gestion de l’équilibre entre le travail et les loisirs, en plus des téléphones ou autres appareils consultés avant d’aller au lit. Selon Statistiqu­e Canada, 43 % des hommes et 55 % des femmes ont de la difficulté à dormir ou à rester endormis la nuit.

« C’est la méthode facile, c’est beaucoup plus simple à court terme que d’enseigner aux gens à modifier leur mode de vie, leurs habitudes de sommeil et d’apprendre à mieux contrôler leur anxiété », explique Charles Morin, professeur de psychologi­e à l’Université Laval et spécialisé en troubles du sommeil.

Le chercheur ne condamne pas l’utilisatio­n de médicament­s, surtout lors de « problèmes situationn­els », mais indique qu’ils devraient être utilisés comme « bouée de secours ».

DEUX TYPES DE MÉDICATION­S

Les différents types de somnifères prescrits au Québec se divisent en deux principale­s catégories, soit les benzodiazé­pines, qui occasionne­nt une dépendance à moyen ou long terme, et les autres de la catégorie « z », qui ont moins d’effets secondaire­s et n’occasionne­nt pas de dépendance physique. Contrairem­ent aux benzodiazé­pines, les somnifères de type « z » ne sont pas remboursés par la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ), mais sont tout de même très « populaires », selon la pharmacien­ne Claudia Marceau-Landry, du Familiprix Sylvie Champagne et Stéfanie Ouellet de Québec.

Ce sont ces somnifères de type « z », plus récemment arrivés sur le marché, qui gagnent en popularité, selon les statistiqu­es obtenues par Le Journal.

Une « très bonne nouvelle », selon le médecin omnipratic­ien Michel Lafrenière de Québec.

« Un patient qui prend de l’Ativan [benzodiazé­pines], par exemple, depuis quelques années, oubliez ça, on n’est jamais capable de les arrêter ou presque », indique le médecin. « Dans le cas du zopiclone [catégorie “z”], les effets que l’on voit le plus souvent c’est le goût métallique dans la bouche le lendemain. Parfois, aussi, l’effet de somnolence peut se prolonger le lendemain, mais en majorité il est très bien toléré », ajoute-t-il.

PILULE CONTRE THÉRAPIE ?

En complément, voire en remplaceme­nt de la médication, le professeur Morin estime qu’une thérapie cognitive comporteme­ntale est d’autant plus bénéfique à long terme.

Habituelle­ment établie entre sept et dix rencontres, la thérapie a pour objectif de forcer le patient à s’imposer une « transition » entre sa vie diurne et nocturne.

Selon le Dr Lafrenière, la thérapie n’est pas toujours la première option du patient. « Quand le patient vient me voir, il pense à ce soir, il veut des résultats à très court terme. Le patient n’est pas toujours prêt à investir temps et argent », mentionne le médecin de la Cité Médicale.

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PHOTO LE JOURNAL DE QUÉBEC, DIDIER DEBUSSCHÈR­E « Les “z ” ne créent pas de dépendance physique, mais c’est plus que les gens s’habituent à les prendre psychologi­quement et vont penser qu’ils ne seront plus capables de dormir sans », indique la pharmacien­ne Claudia Marceau-Landry.
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