Le Journal de Montreal

Deux freins à main de plus auraient évité la tragédie

La réglementa­tion exigeait neuf freins, alors que Thomas Harding en a mis sept

- CAROLINE LEPAGE

SHERBROOKE | L’ex-assistant directeur des chemins de fer de la MMA affirme qu’il aurait fallu appliquer au minimum neuf freins à main au lieu de sept, ce qui aurait sans doute permis d’empêcher la descente meurtrière du train de pétrole à Lac-Mégantic.

S’il se fie à la réglementa­tion qui fixe le nombre de freins à main en fonction de plusieurs facteurs, l’ancien assistant directeur des chemins de fer à la Montreal, Maine & Atlantic Railway (MMA), Michael Horan, évalue qu’il aurait fallu en mettre neuf, au minimum, au train de pétrole qui a explosé à Lac-Mégantic, la nuit du 6 juillet 2013.

« Je ne peux dire si c’était suffisant ou non. Je ne les ai pas testés », a-t-il tenu à ajouter, lors du septième jour du procès des ex-employés de la MMA, Tom Harding, Richard Labrie et Jean Demaître, accusés de négligence criminelle causant la mort de 47 personnes.

Selon les procureurs de la Couronne, M. Harding aurait appliqué sept freins à main lorsqu’il a garé son train de pétrole dans une pente à Nantes, le 5 juillet 2013, avant de partir pour la nuit. Ils estiment que ce nombre est nettement insuffisan­t.

M. Horan ne se souvient pas si une vérificati­on avait déjà été effectuée auprès de M. Harding, dans le passé, pour évaluer s’il appliquait suffisamme­nt de freins à main lorsqu’il sécurisait son train à cet endroit. Lors de son contre-interrogat­oire, il a néanmoins assuré avoir testé d’autres employés sur le nombre de freins à appliquer.

À cette époque, tout conducteur devait immobilise­r son long train de pétrole à Nantes parce qu’il manquait d’espace à Lac-Mégantic, où la cour de triage s’avérait trop petite.

Lors de la tragédie de juillet 2013, M. Harding était l’unique responsabl­e à bord du lourd convoi. À la MMA, il était relativeme­nt nouveau de laisser un seul homme conduire un train, à Nantes. Auparavant, il y en avait toujours eu deux. La MMA reproduisa­it ainsi le modèle qu’elle avait implanté aux États-Unis.

BAISSE APPROUVÉE

Transports Canada avait autorisé la baisse à un conducteur, ce qui a créé de l’appréhensi­on chez certains employés. Selon M. Horan, MMA se serait contentée d’ajouter un miroir du côté du conducteur des locomotive­s pour remplacer l’employé manquant.

De plus, cet ex-assistant a expliqué qu’aucune formation n’avait accompagné, il y a environ quatre ans, l’adoption tardive du Système de gestion de la sécurité (SGS) de la MMA, qui encadre les risques.

M. Horan a dit qu’il recevait peu d’appui de sa compagnie pour le perfection­nement du personnel, et qu’il n’a jamais bénéficié d’un budget établi.

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PHOTO D’ARCHIVES Le conducteur du train qui a explosé à Lac-Mégantic, Thomas Harding, demeure impassible pendant son procès qui se déroule au palais de justice de Sherbrooke.
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MICHAEL HORAN Témoin

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