Le Journal de Montreal

CHAMPION ET PAPA COMBLÉ

Erik Guay se confie sur sa vie de famille

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MONT-TREMBLANT | Depuis le premier de ses 25 podiums en Coupe du monde en novembre 2003, la vie d’Erik Guay a évolué. Marquée notamment par deux titres de champion du monde en 2011 et 2017, la carrière du skieur canadien le plus prolifique de l’histoire se poursuit désormais en parallèle avec son rôle de père de quatre enfants. L’athlète de 36 ans partage certaines réflexions sur sa façon de jongler avec ses responsabi­lités. Depuis quand souhaitais-tu cette vie de famille en parallèle avec ta carrière ? « À l’époque, où on habitait à Calgary, on ne pensait pas avoir des enfants aussi tôt et Logann est arrivée par surprise. Je pensais alors bâtir notre vie à Calgary, vu que l’équipe canadienne était basée là, mais les parents de Karen habitent à six heures de route (Valleyview, près de Grande Prairie) et mes parents étaient à MontTrembl­ant, ce qui fait qu’on n’avait pas beaucoup d’aide. En plus, je n’ai pas aimé la ville parce qu’il n’y avait pas vraiment de lac autour. « En même temps, j’ai commencé à travailler avec B2Dix et ça faisait mon affaire de revenir au Québec. » Y a-t-il eu une période plus creuse de ta carrière qui t’a rappelé le privilège de compter sur ta famille ? « Souvent. Chaque fois que j’ai eu des blessures. Le fait que mon père, ma mère et même mes frères soient dans le domaine du ski, ils comprennen­t ce que je vivais. Ils savaient combien il faut d’énergie pour revenir d’une blessure. Ce n’est pas seulement de se présenter chez le physio une heure par jour. Il faut que tu en fasses beaucoup plus et ça demande beaucoup au moral. » Quel est le plus difficile quand tu vis éloigné de tes enfants durant la saison ? « Ce qui est difficile, c’est de savoir qu’elles grandissen­t et que je ne les vois pas. Parfois, je reviens et Leni est capable de faire une roue parfaite ou d’autres mouvements qu’elle pratique. Ce sont de petites choses comme celles-là qui me manquent, mais en termes de fatigue, je trouve beaucoup plus facile de voyager que d’être à la maison. Mais c’est sûr qu’elles me manquent beaucoup. « C’est drôle et c’est quand même difficile à décrire parce que lorsque je pars en voyage, je me dis : ah ! enfin, je vais pouvoir dormir des nuits complètes. J’ai plus d’énergie. Mais après deux ou trois jours, soudaineme­nt, c’est bien beau tout ça, mais j’ai déjà envie de rentrer chez nous. »

Tiens-tu à leur parler durant tes séjours à l’étranger ?

« Oui, mais pas souvent parce que ça me fait trop mal, ça me fait trop penser à elles. J’ai fait récemment un voyage de trois semaines au Chili et c’est la dernière fois que je fais ça. Je trouve que je suis rendu trop vieux. Je ne tripe plus après deux semaines. Partir deux semaines, c’est encore faisable, mais après deux semaines, je n’avais plus envie d’être là. J’avais envie de rentrer chez nous et de voir les enfants. C’est trop long. »

La veille d’une course ?

« Non. Quand il y a des courses importante­s, je reste concentré et j’essaie de ne pas trop penser famille. »

Est-il pensable de voir tes enfants te rejoindre en Europe pour certaines courses ?

« Avant on le faisait. Quand Logann était plus petite, elle a voyagé à l’âge de trois mois pour venir me rejoindre. À un enfant, c’était correct. À deux, c’est devenu plus compliqué. À trois, c’était trop difficile, et maintenant, je ne peux pas penser que Karen voyagerait avec les quatre ! »

La naissance d’un quatrième enfant va-t-elle accélérer ta réflexion sur la fin de ta carrière ?

« Ça dépend. Je dirais que non, mais ça va dépendre comment Karen va réagir avec les enfants et si elle trouve ça trop difficile. Ça a quand même bien été avec trois enfants durant la saison dernière, mais maintenant avec quatre, on ne sait pas si ça va être trop. Habiller les quatre filles pour aller dehors, aller en ski les fins de semaine ou les amener à la montagne ; je ne sais pas si elle va pouvoir gérer ça. Si Karen dit que c’est trop dur et qu’elle a besoin de moi davantage pour l’aider, je vais comprendre. »

Si tes filles optent pour le ski de compétitio­n, voudras-tu les protéger des attentes trop élevées à leur endroit ?

« Je ne veux pas être le genre de père qui va les pousser comme un malade. Si elles choisissen­t le ski, tant mieux, mais je ne veux pas les influencer. C’est sûr qu’elles vont avoir une pression supplément­aire, mais ça fait partie de la vie. Je ne peux rien changer à ça. »

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 ?? PHOTO CHANTAL POIRIER ?? Dans la lumière d’automne de Mont-Tremblant, Erik Guay nous présente les complices de sa vie : sa conjointe Karen, qui tient dans ses bras la dernière-née du couple, Maude, ses parents Ellen et Conrad, puis Marlo (3 ans), Leni (5 ans) et Logann (8 ans).
PHOTO CHANTAL POIRIER Dans la lumière d’automne de Mont-Tremblant, Erik Guay nous présente les complices de sa vie : sa conjointe Karen, qui tient dans ses bras la dernière-née du couple, Maude, ses parents Ellen et Conrad, puis Marlo (3 ans), Leni (5 ans) et Logann (8 ans).

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