Le Journal de Montreal

Inspiré par Agatha Christie

- KARINE VILDER

Michel Bussi, qui est présenteme­nt l’un des écrivains français les plus populaires, nous parle des auteurs qui l’ont inspiré et des livres qu’il a particuliè­rement aimés. Lorsque vous avez commencé à écrire, est-ce qu’il y a eu un auteur qui vous a particuliè­rement inspiré ?

Il y en a eu plusieurs, mais spontanéme­nt, j’aurais tendance à dire Agatha Christie. J’ai lu la plupart de ses romans et j’ai décortiqué la façon dont elle s’y prenait pour raconter et accrocher ses lecteurs. Elle a inventé une forme de littératur­e qui a été beaucoup décriée, mais pour moi, il y a du génie dans sa manière de jouer sur le style. Avant elle, personne n’avait osé autant chambouler les histoires, et Le Meurtre de Roger Ackroyd, Mort sur le Nil ou Dix petits nègres font partie de mes préférées.

Votre premier roman, publié en 2006, s’intitulait Code Lupin. Vous avez toujours été un grand fan de Maurice Leblanc, le père d’Arsène Lupin ?

Oui, forcément. Aujourd’hui, par rapport à Arthur Conan Doyle [qui a créé le célèbre détective Sherlock Holmes], c’est un auteur un peu méconnu. Mais je pense que c’est l’un des écrivains importants du début du siècle dernier et quand on relit ses livres, on y trouve plein de traits de génie et de trouvaille­s vraiment fortes. Je songe notamment à L’île aux

trente cercueils, un roman très innovant pour l’époque, avec son univers particuliè­rement angoissant.

Parce que vous avez longtemps enseigné la géographie à l’université de Rouen, on est très curieux de savoir si certains romans ont déjà réussi à vous faire perdre le nord…

Oui, beaucoup ! Les romans de Jules Verne, par exemple. Ce n’est peutêtre pas son titre le plus connu, mais

Kéraban-le-Têtu m’a fasciné. Ça raconte l’histoire d’un vendeur de tabac turc refusant de payer la taxe imposée par le sultan pour traverser le Bosphore. Et comme ce brave homme aura besoin d’aller du côté asiatique, il préférera faire le tour de la mer Noire plutôt que de la payer. Un truc délirant ! Il y a aussi Petit pays, de Gail Faye. C’est un roman parfait, magnifique, et en le lisant, j’ai eu l’impression que c’était déjà un classique enseigné dans les écoles.

De tous les romans que vous avez lus, quels sont ceux que vous ne pouvez vous empêcher de recommande­r ?

Je vais en citer quatre :

Un long dimanche de fiançaille­s de Sébastien Japrisot. Ceci étant, j’ai aimé tous ses livres.

La nuit des temps de René Barjavel, un roman de science-fiction un peu culte pour tout le monde !

L’Écume des jours de Boris Vian, parce que c’est un livre qui sort totalement de l’ordinaire.

Mal de pierres de Milena Agus, dont le ton assez magique n’a pas été complèteme­nt rendu par le film.

Tous genres confondus, quelle a été votre plus belle découverte des derniers mois ?

Mmm… Je dirais La tresse de Laetitia Colombani, qui est un roman bien structuré et bien pensé.

Selon vous et à part vous, y a-t-il un écrivain français dont on devrait absolument découvrir l’oeuvre ?

Oui, celle de Régis de Sá Moreira. Il est très original dans sa façon d’écrire, peutêtre même un peu trop pour être connu du grand public. Mais Pas de temps à

perdre vaut vraiment le détour.

Et que lisez-vous en ce moment ?

Le premier tome du Vernon Subutex de Virginie Despentes, une peinture méchante, cynique et décalée de la société d’aujourd’hui, qui se lit de façon agréable parce que c’est très bien écrit.

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