Plaidoyer pour la vie
L’écrivain, journaliste d’enquête et chef d’antenne Michel Jean renoue avec le personnage principal de son roman Un monde mort comme la lune et fait revivre l’épisode terrible du tsunami de 2004 qui a dévasté le Sri Lanka dans Tsunamis.
Dans ce nouveau roman très dense, intéressant et très bien mené, riche en références réelles, les tourments intérieurs de Jean-Nicholas font écho aux paysages dévastés et aux déchirements de ce pays mutilé par la guerre civile.
Jean-Nicholas, chargé de couvrir les conséquences du tsunami, est envoyé sur le terrain par la télé québécoise alors qu’il est lui-même en plein traumatisme à la suite de l’assassinat de sa femme et de son enfant. Il se rend dans le Nord, contrôlé par les Tigres tamouls, qui s’opposent au pouvoir majoritairement composé de Cinghalais.
AU COEUR DE LA GUERRE
Aux côtés de sa guide Apsara, une femme belle et courageuse, il se retrouve au coeur de la guerre et doit lutter pour rester en vie. Arrivera-t-il ainsi à accepter ce qui lui est arrivé et à se réconcilier avec sa propre existence? « Quand j’ai écrit Un monde mort comme la lune, je ne pensais pas qu’il allait y avoir une suite. Mais je me disais que peut-être, un jour, j’allais utiliser le personnage ailleurs, dans autre chose. J’ai eu le goût de reprendre le personnage parce que je l’aimais, et parce que j’avais le goût de retourner dans un style d’écriture qui avait un autre rythme que ce que j’avais fait. Je trouvais que l’histoire du personnage n’était pas complétée. » Comme journaliste, il a observé que tant que les gens qui avaient vécu un drame n’avaient pas réussi à faire leur deuil, à boucler la boucle, la plaie restait ouverte. « Dans ma job, j’ai vu ça des tonnes de fois. C’est un peu pour ça que j’ai donné une autre mission à Jean-Nicholas : le roman, malgré le tsunami, malgré le Sri Lanka, c’est ce personnage qui doit apprendre à se réconcilier avec lui-même et trouver un sens à ce qui lui est arrivé pour être capable de continuer, ce qu’il n’est pas capable de faire. » Se plonger dans l’action aide Jean-Nicholas à oublier. « Les événements vont l’amener à voir les choses autrement. Il dit, à un moment donné que par respect pour ceux qui sont encore en vie, il faut vivre. C’est un peu le leitmotiv du personnage. »
VALEURS JOURNALISTIQUES
Michel Jean dit que Jean-Nicholas a ses valeurs journalistiques, et voit le métier comme lui, bien qu’il ait sa propre personnalité. « Je trouve qu’il est mieux que moi. Il est brisé parce que c’est un personnage intègre. Sa femme et sa fille, c’était le centre de sa vie. »
Michel est en mesure de rendre le contexte parfaitement, puisqu’il est allé au Sri Lanka. « Ma fixer s’appelait Apsara. Je suis allé à Kilinochchi. J’ai rencontré Tamilselvan. J’ai vu la Tank House, j’ai couché là. Mais il n’y a pas eu d’attaque dans la nuit. »
Il souhaitait qu’il y ait un maximum de faits réels à travers desquels il pouvait intégrer son histoire et ses personnages. Et en ce sens, il est d’une efficacité redoutable. « C’est le livre qui m’a donné le plus de difficultés », dit-il. Il a dû faire des recherches sur l’angoisse, le choc post-traumatique, les victimes d’actes criminels, puis retravailler toute l’écriture du roman pour faire en sorte que ces éléments apparaissent, dans un style plus dépouillé mais plus senti.
« Sa grande histoire d’amour est au coeur du drame : comment réussir à passer par-dessus la perte de l’amour de ta vie, quand c’est ce qui compte le plus pour toi? »