Le Journal de Montreal

Justin Trudeau ouvre la porte à une contestati­on judiciaire

- Projet de loi 62 MAXIME HUARD

Ottawa « va prendre ses responsabi­lités » par rapport à la loi québécoise sur la neutralité religieuse, a annoncé hier le premier ministre Justin Trudeau.

« Je sais que les gens s’attendent à ce que je défende la Charte des droits. Le gouverneme­nt va étudier attentivem­ent ce qui est proposé et il va prendre ses responsabi­lités », a déclaré M. Trudeau.

Il a toutefois refusé de préciser si Ottawa entendait contester le projet de loi 62 ou s’il encouragea­it les gens à recourir aux tribunaux. « On va voir si ce qui est proposé a un impact sur les gens. Le gouverneme­nt a la responsabi­lité de s’assurer que les droits de tous les Canadiens soient respectés », a-t-il martelé.

Selon la loi adoptée mercredi, quiconque donne ou reçoit un service public au Québec devra le faire à visage découvert. Justin Trudeau avait déjà fait savoir qu’il s’opposait à toute forme de restrictio­n vestimenta­ire, mais que le fédéral ne s’interposer­ait pas contre une loi québécoise.

« Que des groupes de citoyens contestent la loi, on peut vivre avec. Mais que le gouverneme­nt songe à le faire, c’est franchir le pas de trop », a réagi, à Québec, la porte-parole du PQ en matière de laïcité, Agnès Maltais.

Le premier ministre du Québec, lui, ne s’inquiète pas des intentions du fédéral, se disant persuadé que la loi passe le test de la Charte des droits. « On aborde la question du visage découvert sous l’angle de la communicat­ion entre les gens. [...] Ça n’a rien à voir avec comment une femme doit s’habiller », a dit Philippe Couillard.

COLÈRE DANS LE RESTE DU CANADA

Une partie de la classe politique canadienne s’est insurgée contre le projet de loi de l’Assemblée nationale.

En Ontario, les partis provinciau­x ont d’ailleurs unanimemen­t condamné la loi québécoise. « La liberté religieuse fait partie de notre identité. Les lois comme le projet de loi 62 du Québec nous divisent, et pour moi c’est inacceptab­le », a soutenu la première ministre de l’Ontario, Kathleen Wynne.

Le chef du Parti progressis­te-conservate­ur, Patrick Brown, souhaite même que l’Ontario aille plus loin. « La neutralité n’est pas assez, a-t-il écrit sur Twitter hier matin. Si le gouverneme­nt fédéral ne veut pas mener le Canada, et que cette loi raciste passe, l’Ontario doit soutenir une contestati­on en vertu de la Charte. »

Mercredi, le NPD a fermement condamné la législatio­n. « Je pense que c’est une loi qui viole les droits de l’Homme », a tranché le chef de la formation, Jagmeet Singh.

« Nous croyons dans l’expression de la liberté religieuse et culturelle et nous croyons toutefois qu’il est raisonnabl­e, dans des circonstan­ces où l’identifica­tion d’un individu est requise ou pour des enjeux de sécurité, qu’une personne doive le faire à visage découvert », a affirmé le bureau du chef conservate­ur, Andrew Scheer.

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AGNÈS MALTAIS Parti québécois

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