Le Journal de Montreal

À 91 ans, elle s’occupe de sa soeur de 95 ans atteinte d’Alzheimer

Elle la coiffe, lui apporte à manger et s’occupe de son bien-être tous les jours

- MAGALIE LAPOINTE

Une proche aidante âgée de 91 ans s’occupe quotidienn­ement de sa soeur aînée, âgée de 95 ans, atteinte de la maladie d’Alzheimer. Elle la coiffe, lui apporte à manger et l’amène faire couper ses ongles d’orteils.

Cécile Mondor est âgée de 91 ans, mais ne fait pas son âge. Chaque jour, elle monte dans un autobus du PlateauMon­t-Royal pour aller voir sa soeur aînée Gabrielle qui vit dans un centre d’hébergemen­t et de soins de longue durée dans Hochelaga-Maisonneuv­e.

Elle marche en tout plus d’un kilomètre pour aller acheter la nourriture que sa soeur aime.

Mme Mondor vit dans la pauvreté, mais ça ne l’empêche pas de toujours penser aux autres.

Elle va également manger des repas chauds dans des organismes d’entraide et attend en ligne, tous les jeudis soir, à la station de métro Place-d’Armes pour rece- voir un peu de nourriture gratuite donnée par l’organisme Notre-Dame de la rue.

« Ma soeur mange seulement ce que je lui apporte : des biscuits au chocolat, des gaufrettes et des bananes lorsque j’en ai. Elle n’aime pas la nourriture du centre, elle la recrache, mais elle boit son lait », a dit la proche aidante.

Sa soeur lui manque quand elle n’est pas avec elle.

Elles ont habité plus de 50 ans ensemble, n’ont jamais eu de conjoints ni d’enfants.

C’est pour cette raison que depuis le départ de sa soeur Gabrielle, il y a trois ans, elle jure ne jamais avoir manqué une seule journée de visite.

COIFFURE

Beau temps, mauvais temps, elle va s’occuper d’elle, la coiffer et lui parler même si elle est gravement atteinte de la maladie d’Alzheimer.

« Je vois que le personnel ne s’occupe pas d’elle et ça me fait de la peine. Elle a une petite chambre. Elle a beaucoup maigri. Elle ne pèse que 85 livres, alors qu’elle était plus grosse que moi avant de déménager. Si elle continue de ne rien manger, elle va mourir », a expliqué Cécile.

EXCEPTION

Selon la conseillèr­e aux communicat­ions chez l’Appui pour les proches aidants d’aînés, Sophie Caron, Mme Mondor ferait partie des exceptions. Selon les dernières statistiqu­es recueillie­s, seulement 4 % des proches aidants sont âgés de plus de 75 ans.

PAUVRETÉ

Les deux dames n’ont jamais vécu dans l’abondance. Mme Mondor affirme qu’elles ont déjà dû habiter à l’organisme La rue des Femmes (organisme qui vient en aide aux femmes itinérante­s ou en grandes difficulté­s psychosoci­ales) et aussi à la Mission Old Brewery. Elle croit que cette pauvreté les a unies.

« Lorsque nous étions jeunes, ma soeur, mes deux frères et moi sommes toujours allés à l’école sans déjeuner. Ma mère faisait des galettes avec de l’eau, sans lait parce que ça coûtait moins cher », se rappelle la dame encore très vive d’esprit.

« MA SOEUR MANGE SEULEMENT CE QUE JE LUI APPORTE : DES BISCUITS AU CHOCOLAT, DES GAUFRETTES ET DES BANANES LORSQUE J’EN AI. ELLE N’AIME PAS LA NOURRITURE DU CENTRE, ELLE LA RECRACHE, MAIS ELLE BOIT SON LAIT » – Cécile Mondor

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PHOTO COLLABORAT­ION SPÉCIALE MAGALIE LAPOINTE Cécile Mondor (à gauche), 91 ans, prend l’autobus tous les jours pour aller visiter sa soeur aînée Gabrielle, âgée de 95 ans, qui vit dans une résidence.
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