Le Journal de Montreal

La limite de 40 km/h remplit les coffres

Un conseiller de Sainte-Thérèse croit que la basse vitesse aide les policiers à donner des constats d’infraction

- DAVE PARENT

Les quotas de contravent­ions que les policiers ont à donner sont devenus un enjeu électoral à Sainte-Thérèse alors qu’un conseiller municipal affirme avoir dénoncé cette situation il y a sept ans déjà.

En 2010, quand la Ville de Sainte-Thérèse a décidé de limiter la vitesse maximale à 40 km/h dans ses rues, le conseiller Michel Milette dit avoir craint que tout le territoire devienne un terreau fertile pour les constats d’infraction.

« À Sainte-Thérèse, on avait reçu des représenta­nts de la Ville de Repentigny, parce qu’elle envisageai­t de faire comme nous et limiter la vitesse à 40 km/h sur son territoire. Ce qui est ressorti des discussion­s, c’est que c’est une bonne chose parce que c’est payant et que ça remplit les coffres », explique M. Milette.

À l’époque, le conseiller avait dénoncé la situation dans les médias.

« Je ne suis pas contre la limite à 40 km/h, c’est plus sécuritair­e pour les citoyens, mais en même temps, il ne faut pas être de mauvaise foi. Maintenant, on apprend que les policiers se font imposer un quota de contravent­ions. J’y vois un lien de cause à effet », ajoute celui qui fait de ce débat un enjeu électoral.

DES RELATIONS DIFFICILES

Les policiers ont manifesté mercredi dernier devant l’hôtel de ville de Sainte-Thérèse pour dénoncer les quotas de constats d’infraction imposés aux policiers, mais aussi le climat des relations de travail.

Selon eux, ils ont jusqu’à 1300 $ par jour de contravent­ions à donner.

Le président de la fraternité des policiers, François Boies, considère que la situation est insoutenab­le.

Les occasions où les policiers donnent une chance à un automobili­ste sont désormais presque inexistant­es dans les quatre villes couvertes par la Régie intermunic­ipale de police Thérèse-de-Blainville. Les relations entre les policiers et les citoyens sont donc tendues.

« On n’est pas appréciés, je vais t’enlever 150 $ dans tes poches, tu ne m’aimeras pas. T’as des quotas à donner, c’est certain qu’en tant que policier ton seuil de tolérance devient moins élevé. C’est marqué partenaire de la communauté sur mon auto, crois-tu que je me sens comme un partenaire ? Pas du tout », dit François Boies.

La mairesse sortante et présidente de la Régie intermunic­ipale de police Thérèse-de-Blainville, Sylvie Surprenant, trouve étonnant que la fraternité des policiers lance ces allégation­s alors que selon elle, il n’a jamais été question de cette problémati­que dans les négociatio­ns pour le renouvelle­ment de la convention collective.

UN MOYEN DE PRESSION ?

« Les quotas n’ont jamais été un enjeu dans les négociatio­ns. Et le citoyen nous demande l’applicatio­n des lois sur la vitesse. On fait du porte-à-porte et on entend beaucoup parler de la vitesse sur les routes. Sur l’ensemble des contravent­ions remises, 66 % proviennen­t de l’extérieur du territoire couvert par la régie de police. Alors lorsqu’on parle de surtaxe aux résidents des quatre villes, c’est faux », soutient Sylvie Surprenant.

Les négociatio­ns entre les policiers et la partie patronale doivent reprendre le 14 novembre.

- En collaborat­ion avec monjournal.ca

... C’EST CERTAIN QU’EN TANT QUE POLICIER TON SEUIL DE TOLÉRANCE DEVIENT MOINS ÉLEVÉ. C’EST MARQUÉ PARTENAIRE DE LA COMMUNAUTÉ SUR MON AUTO, CROIS-TU QUE JE ME SENS COMME UN PARTENAIRE ? PAS DU TOUT » – François Boies

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PHOTO ANTOINE LACROIX Les policiers de la Régie intermunic­ipale de police Thérèse-de-Blainville ont dénoncé les quotas de contravent­ions, mercredi.
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MICHEL MILETTE Conseiller

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