Le Journal de Montreal

Poignardée pour avoir refusé ses avances

L’agresseur purgera dix ans de prison pour voies de fait graves sur son ancienne conjointe

- KATHLEEN FRENETTE

QUÉBEC | La survivante d’une attaque sauvage et gratuite pourra désormais tourner la page sur un chapitre sombre de sa vie, puisqu’hier son agresseur, Gaétan Lemay, a été condamné à une peine de 10 ans d’emprisonne­ment.

En 2014, Marie-Shantal Paré était préposée aux bénéficiai­res. Son quotidien, elle le passait à aider les personnes âgées et à prendre soin de ses deux enfants : son fils, qui avait déjà quitté la maison et dont la conjointe venait d’avoir un enfant, et sa fille de 14 ans, qui habitait toujours avec elle.

En juin de cette année-là, elle a renoué avec un homme qu’elle avait connu 25 ans auparavant.

L’amour s’installe, mais, rapidement, la jalousie, la possession et le contrôle de Lemay prennent le dessus sur les sentiments amoureux.

COUP DE POIGNARD

Le 14 septembre, alors que la victime venait de refuser les avances sexuelles de son conjoint, elle se fait attaquer sauvagemen­t… lâchement.

Couchée en position foetale dans son lit, Marie-Shantal a alors senti « comme un coup de poing dans mon dos » au niveau des omoplates.

Lorsqu’elle s’est retournée, Lemay s’est mis à cheval sur elle. « Il m’a dit : “Le vois-tu combien je t’aime ? Je viens de te poignarder” », a-t-elle confié, la gorge nouée, le regard embué par les souvenirs douloureux.

Aujourd’hui, c’est munie d’une canne qu’elle doit se déplacer. Le coup porté, sans être fatal, a laissé des traces qui ne s’effaceront jamais. « J’ai trois disques cervicaux qui ont cédé. J’ai dû subir une opération et, aujourd’hui, je suis considérée comme invalide », a-t-elle dit, sous le regard protecteur de son fils Keven.

SENTENCE VIE

Avant de proposer au tribunal la suggestion commune convenue entre les parties, le procureur aux poursuites criminelle­s et pénales, Me Matthieu Rochette, a souligné au juge Bernard Lemieux que Lemay s’était promené « toute sa vie de période de détention en période de détention ».

« D’ailleurs, au moment de poser ces gestes sur la victime, il était sous le coup d’une sentence vie à la suite d’une condamnati­on pour meurtre au deuxième degré survenu en 1999 », a-t-il précisé.

MEURTRE

Cinq ans auparavant, Lemay, alors âgé de 26 ans, s’était rendu avec un complice à la résidence d’André Rodrigue, un trafiquant de drogue de 23 ans de Québec. Après l’avoir forcé à sortir de chez lui, Lemay avait sévèrement battu Rodrigue avant de l’amener dans un secteur boisé de Beauport.

Inconscien­te, la victime avait ensuite été atteinte d’une balle de calibre 12 à la nuque, puis laissée sur place.

« Vous êtes un homme violent. Vous avez déjà tué quelqu’un et, cette fois, vous ne l’avez pas tuée, mais, c’est tout comme. Vous avez détruit la vie de cette dame. Pour le reste de ses jours, elle sera handicapée et aura besoin d’aide jusqu’à sa mort. C’est un crime très grave », a laissé tombé lourdement le magistrat avant de condamner l’accusé.

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PHOTO KATHLEEN FRENETTE La victime et ancienne conjointe de Gaétan Lemay, Marie-Shantal Paré, en compagnie de son fils Keven, hier, au palais de justice.

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