Grande vague de dénonciations en France
PARIS | (AFP) Témoignages par milliers, articles de presse, débats au Parlement... Le scandale Weinstein a provoqué une vague de dénonciations en France et une apparente prise de conscience des violences subies par de nombreuses femmes. Reste à savoir si cela modifiera les comportements.
« Il y aura un avant et un après #balancetonporc », prédit la militante féministe Caroline De Haas, citant le mot-clic utilisé en France pour dénoncer des agressions, harcèlements ou violences sexistes.
Sous ce mot-clic ou sous #metoo ou #moiaussi, ce sont d’innombrables témoignages qui ont déferlé, relatant toute une palette de comportements, allant du commentaire sexiste à l’agression physique.
NOUVELLE AMPLEUR
« L’ampleur des témoignages et leur démultiplication sur les réseaux sociaux sont des nouveautés », analyse Christine Bard, historienne du féminisme, professeure à l’Université d’Angers. Les témoignages ont afflué de toutes parts, relatant aussi bien du harcèlement dans la rue que dans l’entreprise ou le monde politique.
Les associations d’aide aux victimes ont été particulièrement sollicitées.
Mais après une semaine de « grande euphorie », la féministe Caroline De Haas est, elle, « en train de redescendre ». « L’ampleur de la résistance et la violence des commentaires suite aux témoignages révèlent un déni de notre société, des individus et des responsables politiques vis-à-vis du harcèlement sexuel », déplore-t-elle.
Un « déni » subsiste sur « l’ampleur et la réalité » des violences sexistes, estime également la sociologue Alice Debauche, maîtresse de conférence à l’université de Strasbourg.
« Si ce qui s’est passé ces derniers jours ne s’accompagne pas de campagnes publiques d’information, de prévention et d’éducation, ça risque de rester un épiphénomène. Il faudrait que le débat se prolonge dans les espaces publics : politiques et médiatiques », juge-t-elle.
NOUVELLE ACCUSATION
Par ailleurs, une ex-actrice a accusé hier Harvey Weinstein de l’avoir forcée à lui toucher le pénis.
Lors d’une rencontre pour discuter de sa carrière naissante, l’actrice Heather Kerr a raconté que le producteur lui avait « attrapé la main, l’avait placée de force et tenue sur son pénis », assurant « c’est comme ça que les choses marchent à Hollywood ».
D’autre part, les avocats de Weinstein ont empêché des responsables de sa société d’avoir accès à des dossiers qu’ils pensaient contenir des accusations de harcèlement sexuel, a rapporté le Financial Times hier.