Trudeau : de l’image aux résultats
Justin Trudeau entreprend la deuxième moitié de son mandat. Les deux années écoulées depuis son élection peuvent porter le nom de lune de miel. Depuis quelques semaines, les choses se sont compliquées et la deuxième moitié de ce mandat risque d’être plus exigeante.
Quelle période de grâce ! Belle image, bains de foule enthousiastes, sondages impressionnants, les libéraux et leur chef flottaient seuls sur la scène politique canadienne. Comme Justin Trudeau faisant du canot seul par un beau matin sur un lac paisible.
TOUT NOUVEAU, TOUT BEAU
Ils ont profité de l’effet de nouveauté. Ils ont profité de la fierté provoquée au Canada par l’effervescence mondiale autour de la personnalité de Justin Trudeau. Le gouvernement a aussi profité de l’effet de nouveauté et de la fraîcheur offerte par l’approche Trudeau après une décennie de l’austère Harper.
Pour les deux années à venir, ces avantages faciles vont disparaître. On ne comparera plus Justin Trudeau avec le terne Harper. On le comparera plutôt avec Sheer et Singh, deux chefs plus jeunes et aussi souriants que lui.
L’effet de nouveauté aussi se dissipant, il doit être remplacé par des résultats. Il y a quelques domaines où les résultats sont déjà pas mal. L’économie du pays va mieux que prévu. Comme tous les autres avant lui, le gouvernement en prend un mérite un peu trop grand, mais il s’agit quand même d’un point positif.
LE CAS TRUMP
Le défi consiste à maintenir cette lancée malgré la baisse du prix du pétrole et surtout malgré la menace de fin de l’ALENA. Cela nous amène au plus gros test du gouvernement Trudeau : la relation avec les États-Unis de Donald Trump. Jusqu’à maintenant, le parcours est à peu près sans faute. Les deux visites de monsieur Trudeau à Washington étaient bien préparées. Ottawa a une stratégie valable : rester ferme sans provoquer l’impétueux Trump.
Malgré tout, les négociations de l’ALENA vont très mal. Les Américains montrent une volonté de tout faire dérailler. Des experts rappelaient que la fin du libre-échange pourrait coûter au Canada jusqu’à 2,5 % de notre niveau de vie.
Lors des prochaines étapes, le gouvernement canadien va marcher sur un fil de fer. Entre le message ferme qui sera attendu par des électeurs canadiens excédés par Trump et les contraintes politiques d’une relation à maintenir, monsieur Trudeau et sa ministre Freeland vont devoir trouver une voie de passage difficile.
Monsieur Trudeau va aussi devoir faire atterrir en douceur sa légalisation de la marijuana. Les provinces se sentent déjà bousculées par le calendrier. La proposition de garder la moitié des revenus à Ottawa malgré que tous les problèmes tombent dans la cour des provinces a allumé le feu.
Dans ces deux ans, monsieur Trudeau devra aussi montrer qu’il a sous contrôle les finances du pays. Les déficits perpétuels annoncés dans le dernier budget sont inexplicables pour un pays qui ne fait pas face à une récession.
Infrastructures, environnement, économie, deux ans plus tard, l’image ne suffit plus. La population jugera de plus en plus les résultats.