Le Journal de Montreal

SA MEILLEURE DÉCISION

Ses cinq années à Montréal ont changé le cours de sa carrière

- MARC DE FOY marc.defoy@ quebecorme­dia.com

L’ancien entraîneur en chef des Alouettes a publié cette année un recueil de 250 poèmes. L’an dernier, il a écrit un livre pour enfants sur les Cubs de Chicago, équipe de sa ville de toujours qu’il chérit aussi loin que ses souvenirs peuvent le mener.

Ses deux premiers ouvrages portent sur le football. Le premier fait l’historique des plus grands jeux dans l’histoire des Bills de Buffalo, qu’il a menés à quatre participat­ions d’affilée Super Bowl, de 1991 à 1994, sans connaître l’exaltation de la victoire.

Son deuxième est un roman avec fond de scandale qui met en péril l’intégrité du football.

MESSAGE AUX JOUEURS

Levy a dirigé les Alouettes de 1973 à 1977. Cinq ans, c’est court sur une carrière de 47 ans dans le coaching. Ces années passées à Montréal ont été toutefois riches en succès entre lui et l’équipe. Elles l’ont conduit dans la grosse Ligue nationale comme entraîneur en chef.

C’est pourquoi il ne refuse jamais une invitation de venir faire un tour. Ce soir, il retrouvera plusieurs joueurs qu’il a menés à la coupe Grey en 1977. Hier matin, il a parlé aux joueurs de l’édition actuelle devant des journalist­es. Mais il n’était pas là pour leur faire la morale en cette saison difficile.

« La dernière chose dont vous avez besoin est un discours de motivation, leur a-t-il dit d’entrée de jeu. Car vos actions ont une significat­ion beaucoup plus grande que tout ce que vous dites.

« Je sais que vous traversez de durs moments. Or, je ne suis pas venu ici pour vous demander si vous avez la volonté de gagner. Parce que lorsque vous le voulez, c’est que vous avez le désir de bien vous préparer pour les matchs. »

Belle façon de passer un message.

PRESSENTI PAR J.I. ALBRECHT

Avant son arrivée chez les Alouettes, Levy était entraîneur des unités spéciales avec les Redskins de Washington. Son patron était George Allen, un personnage haut en couleur à qui Jean Béliveau avait répondu à une demande de prononcer un discours à ses joueurs lorsqu’il dirigeait les Rams de Los Angeles.

En 1972, les Redskins ont atteint le Super Bowl, mais leurs adversaire­s, les Dolphins de Miami, venaient de connaître une saison parfaite de 14 victoires. Ils ont fait bonne figure, mais les Dolphins ont porté leur série victorieus­e à 17 matchs en triomphant des Redskins 14 à 7.

Levy connaissai­t des gens dans la Ligue canadienne, mais il n’était pas familier avec le produit.

« On voyait toujours plein de recruteurs de la ligue pendant les camps d’entraîneme­nt des équipes de la NFL, raconte-t-il.

« L’un d’eux était J.I. Albrecht, qui est devenu directeur général des Alouettes. Il m’a invité à venir passer une entrevue à Montréal. J’ai rencontré le propriétai­re, Sam Berger, qui m’a beaucoup impression­né.

« J’étais intrigué. J’aimais la ville. Le poste m’a été offert. J’ai réfléchi et j’ai accepté. Ce fut l’une de mes meilleures décisions. »

ANNÉES SPECTACULA­IRES

Levy a succédé à Sam Etcheverry, sous qui les Alouettes avaient remporté la coupe Grey à sa première année à la barre de l’équipe en 1970.

Berger lui a donné un coup de main en embauchant à gros prix le spectacula­ire Johnny Rodgers, gagnant du trophée Heisman à sa dernière année à l’Université du Nebraska et premier choix des Chargers de San Diego.

À leur première saison sous la direction de Levy, les Alouettes ont terminé troisièmes dans l’Est avec un dossier de 7-6-1 pour ensuite se rendre en finale de l’Est. En 1974, la coupe Grey revenait en ville au terme d’une excellente saison (9-5-2). Les Alouettes eurent raison des Eskimos d’Edmonton 20 à9, à Vancouver

L’année suivante, ils subirent une défaite crève-coeur de 9 à 8 contre ces mêmes Eskimos dans une rencontre disputée sous une météo glaciale à Calgary. Le botteur de précision Don Sweet rata un placement de 19 verges sur le dernier jeu du match.

« Ce fut le jour où j’ai eu à composer avec le froid le plus intense au cours de ma carrière, dit Levy. Je pense qu’il faisait 40 degrés sous zéro avec le facteur vent.

« J’ai gardé dans mes pieds et mes doigts des séquelles du froid qui sévissait ce jour-là. Le teneur du ballon (le quart Jimmy Jones) avait été incapable de bien contrôler le ballon sur la remise lors du botté. »

LA VICTOIRE DE 1977

Levy et ses hommes s’étaient toutefois repris deux ans plus tard en triomphant des Eskimos 41 à 6 sur un terrain glacé au Stade olympique. Le mât n’était pas terminé et une tempête de neige s’était abattue sur Montréal la veille.

À la recherche d’un moyen qui lui permettrai­t d’avoir une meilleure traction sur la surface synthétiqu­e, le demi défensif Tony Proudfoot planta des agrafes sur les crampons de ses souliers à l’aide d’une brocheuse qu’il avait empruntée à un technicien de Bell. Le truc fonctionna.

En dépit d’une grève du transport en commun, le match attira 68 318 spectateur­s. Ce furent les plus belles années des Alouettes. L’équipe évoluait devant des foules supérieure­s à 50 000 et 60 000 personnes au grand stade.

« On formait une équipe. Ce n’était pas l’affaire d’un joueur, continue Levy.

« J’ai passé cinq belles années ici. J’ai fait connaissan­ce avec la culture francophon­e et j’ai adoré ! J’aimais l’architectu­re des édifices, mais je raffolais moins des hivers. Si, comme on me le dit, les gens gardent un bon souvenir de moi, vous m’en voyez très humble. Mais j’éprouve la même estime à l’endroit des amateurs montréalai­s. Montréal demeurera toujours une ville qui m’est chère. »

 ??  ?? Marv Levy marche droit et d’un pas énergique à 92 ans. Il porte des prothèses auditives, mais sa vivacité d’esprit est intacte. Le football l’intéresse toujours, mais la littératur­e occupe une plus grande place dans sa vie.
Marv Levy marche droit et d’un pas énergique à 92 ans. Il porte des prothèses auditives, mais sa vivacité d’esprit est intacte. Le football l’intéresse toujours, mais la littératur­e occupe une plus grande place dans sa vie.
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