Boire pour mourir
QUÉBEC | « Dans le fond, je consommais pour mourir. Je me rappelle, j’étais sur mon divan, je consommais, moi c’était du fort, puis je prenais toujours mon pouls en me disant : un jour, ça va faire turn off. »
Pierre Pronovost revient de loin. « Alcoolique productif » pendant une vingtaine d’années, comme il le dit lui-même, il a un emploi pendant toutes ces années et arrive à garder la tête hors de l’eau même s’il ne « manque pas une [occasion] de consommer ».
Les choses basculent quand il se fait larguer par sa conjointe. C’est le début d’une déchéance de quatre ans au cours de laquelle il se retrouve sur l’aide sociale. Il peut boire jusqu’à 16 onces de whisky par jour. « Je consomme non-stop. J’arrête de consommer quand je tombe à terre. Quand je me relève, je recommence », se souvient l’homme de 63 ans.
« Je savais que j’avais un problème, je n’étais pas con, dit-il. J’avais découpé une petite annonce des alcooliques anonymes publiée dans Le Journal de Québec. J’avais mis ça sur mon répondeur […] puis, à un moment donné j’ai dit : c’est beau. [J’étais] désespéré, complètement, pis j’ai dit : je vais appeler. »
LE SAUVER
En fin de compte, c’est un travail de bénévole dans un centre de désintoxication qui va le sauver. Baignant dans un milieu où personne ne consomme, il raconte aussi s’être accroché à ses croyances spirituelles pour vaincre sa dépendance.
Sobre depuis 20 ans, il est désormais intervenant à la Maison de Job. « C’est possible [de s’en sortir]. C’est possible pour tout le monde. J’ai vu différents individus passer ici en thérapie, on passe 200 clients par année […] et ils s’en sortent », exprime-t-il.