Visite du magasin du futur
Le détaillant déploie au Québec un nouveau prototype de succursale branchée
Du service à l’auto développé par les défunts magasins Steinberg au panier intelligent d’Amazon, tout converge vers un concept d’épicerie sans caisse.
L’épicerie du futur se dessine à l’horizon alors que le géant du commerce en ligne Amazon semble avoir fouetté les grands détaillants de l’alimentation.
Amazon, qui a acheté la chaîne américaine de supermarchés WholeFoods pour plus de 13,7 milliards $ US, plus tôt cette année, a des ambitions de gagner d’importantes parts de marché dans le secteur alimentaire au cours des prochaines années.
Amazon teste avec son concept Amazon Go, une épicerie intelligente sans caisse. Grâce à leur cellulaire détecté par une borne à l’entrée du magasin, les clients d’Amazon Go déposent leurs articles dans un panier muni de capteurs qui enregistrent automatiquement leurs emplettes.
Pas besoin de payer à la sortie puisque la technologie émet une facture directement dans le compte du client identifié lors de son entrée en magasin.
Amazon ne veut pas s’arrêter là puisque son ambition est aussi de pouvoir livrer à domicile les commandes d’épicerie en moins de quelques heures.
MOINS DE TRAVAILLEURS
« La modernisation des centres de distribution et des magasins laisse de plus en plus de place à l’intelligence artificielle et moins à l’humain », soutient le professeur et spécialiste en politique alimentaire de l’Université Dalhousie Sylvain Charlebois, qui s’attend à d’importantes vagues de compressions dans le secteur alimentaire au cours des prochaines années.
Selon ce dernier, les marges de profit très minces et la forte compétition entre les épiciers traditionnels et les nouveaux joueurs comme Walmart, Costco et Amazon forcent à une révision des coûts d’opération.
Ajoutons à cela une hausse du salaire minimum à 15 $ et tous les ingrédients semblent réunis pour assister à une redéfinition du bon vieux modèle de supermarché.
« Les pratiques traditionnelles ne suffisent plus. Le secteur exerce des coupes non seulement pour protéger des marges déjà assez minces, mais surtout pour s’outiller différemment », prévient M. Charlebois.
Walmart vient d’ouvrir au Québec un nouveau prototype de magasin intelligent qui permet aux clients de gagner du temps grâce au concept Scannez et emportez (Scan and Go). Le Journal l’a visité.
Depuis la fin septembre, le Supercentre du boulevard Laurent-Therrien, à Longueuil, est devenu le magasin le plus avancé, technologiquement parlant, de Walmart au Canada.
Dès leur entrée dans le magasin, les clients de Walmart ont accès à la technologie Scan and Go, qui leur permet de saisir un petit lecteur optique qui lit les codes-barres et indique les prix au panier.
« Chaque fois que les clients ajoutent un produit dans leur panier, ils le passent au lecteur. Ce qui leur permet de connaître leur solde en temps réel et de gagner du temps à la caisse », explique le porte-parole de Walmart, Alex Roberton.
Car une fois rendu à une caisse sans caissier, le client n’a qu’à transférer (par un simple bouton) le montant indiqué sur son scanneur et le tour est joué. Il peut payer et quitter le magasin.
Walmart ne cache pas que cette façon de faire est une transition. En Europe, des détaillants alimentaires testent déjà des applications cellulaires qui permettent de scanner les produits et de quitter le magasin sans passer par des caisses. Le paiement est directement prélevé dans le compte bancaire des clients.
Amazon teste d’ailleurs ce concept d’épicerie sans caisse (Amazon Go) auprès de ses employés à Seattle. Un concept qui permet aux clients d’éviter les fameuses files aux caisses.
ÉPICERIE EN LIGNE
En plus d’avoir revu la hauteur des étagères et de faire place à davantage de produits alimentaires, le nouveau concept de magasin Supercentre offre le service d’épicerie en ligne gratuitement.
Walmart soutient qu’entre le moment de l’envoi de sa commande en ligne et sa cueillette en magasin, le délai minimum a été fixé à quatre heures, selon une plage horaire choisie par le client.
Une fois arrivés sur place, les clients n’ont qu’à se garer. Ils n’ont même pas à sortir de leur véhicule.
Ces derniers n’ont qu’à annoncer leur présence par téléphone et des employés de Walmart sortent de l’établissement pour aller déposer directement la commande dans le coffre de la voiture du client.
Walmart croit que son service d’épicerie en ligne pourrait être élargi éventuellement à d’autres magasins au Québec.
Quant à la livraison à domicile, Walmart dit tester un projet pilote au Canada anglais. Le but est de livrer une commande en moins de 24 heures.