Le Journal de Montreal

Elle préfère démolir sa maison

Une sinistrée est exaspérée par la complexité du programme d’aide de Québec

- GENEVIÈVE QUESSY

Une femme de Laval préfère démolir sa maison, inondée le printemps dernier, tellement elle est découragée devant la complexité des démarches auprès du ministère de la Sécurité publique pour obtenir de l’aide.

« Je ne suis plus capable. Je me fais dire une chose par un agent et le contraire quand je parle à un autre agent. Ça me dépasse. Je préfère démolir et tourner la page », exprime Anic Sauvé, résidente de la 21e Avenue à Laval.

Cinq mois après les inondation­s, Mme Sauvé n’a pas de réponse claire à savoir si elle pourra rénover sa maison ou si elle devrait la faire démolir.

« J’ai l’impression de me faire dire n’importe quoi. Est-ce que je peux juste mettre ma maison à terre maintenant ? »

Le rapport d’évaluation reçu du Ministère estime les dommages à sa propriété à 34 000 $. Mais la soumission obtenue d’un entreprene­ur chiffre les travaux sur sa maison à 88 000 $ afin qu’elle soit conforme aux exigences de la Ville de Laval qui demande un solage hydrofuge.

« Le décret du gouverneme­nt dit que si les dommages excèdent 50 % de la valeur municipale de la maison, il faut démolir. Ma maison est évaluée à 104 000 $. Je dois me fier au 33 000 $ ou au 88 000 $ ? Le Ministère ne veut pas me répondre et me demande de faire faire une autre soumission », a dit Mme Sauvé.

RIEN DE FACILE

Il est ardu d’obtenir des soumission­s pour les sinistrés parce que plusieurs entreprene­urs ne veulent pas engager des frais sans savoir s’ils auront les contrats ou même si les travaux seront entrepris. « Quand on dit qu’on est sinistrés et qu’on a besoin d’une soumission pour le Ministère, on se fait raccrocher au nez. Les entreprene­urs ne veulent plus se déplacer et il y en a même qui exigent 500 $ pour le faire », affirme-t-elle.

AUCUNE SOLIDARITÉ

Finie la belle solidarité qu’on a vue lors des inondation­s, selon elle. « C’est chacun pour soi maintenant, entre les sinistrés. Une voisine a refusé de me donner le nom de son entreprene­ur. C’est rendu qu’on est en compétitio­n pour avoir l’aide dont on a besoin. »

Mme Sauvé doit obtenir deux soumission­s de démolition puisque le Ministère exige tout en double. « J’étais à la ville et je pleurais en leur demandant de m’aider à mettre ma maison à terre. Je suis monoparent­ale, j’ai toujours compté à la cenne pour réussir à m’acheter cette maison et la laisser à ma fille, mais maintenant je suis prête à abandonner. »

Elle aura droit à une rencontre lors de la tournée du ministère de la Sécurité publique à Laval. « Peu importe ce qu’ils me diront, je ne suis juste plus capable », dit-elle.

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PHOTO GENEVIÈVE QUESSY Anic Sauvé est découragée et souhaite maintenant qu’on lui donne l’autorisati­on de faire démolir sa maison de la 21e Avenue à Laval.

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