Un oiseau rare retrouvé criblé de balles
La pygargue à tête blanche ne peut être chassée ou piégée au Québec selon ce que dit la loi
QUÉBEC | Un oiseau de proie de près d’un mètre de long classé vulnérable a été retrouvé agonisant dans le fleuve Saint-Laurent, samedi. La pauvre bête a été la cible de plusieurs projectiles de plomb d’un braconnier, a constaté, scandalisée, la vétérinaire qui a tenté d’intervenir.
Deux hommes de Québec ont fait la découverte à l’embouchure de la rivière Sainte-Anne, à Beaupré, près de Québec. L’animal était en fait un pygargue à tête blanche, mieux connu sous le nom d’aigle à tête blanche, un oiseau qu’il est strictement interdit d’abattre en raison de sa faible population.
« LE CHOC TOTAL »
« On a vu une masse qui flottait dans l’eau et qui bougeait encore. On a décidé d’aller voir et c’est là qu’on a trouvé le pygargue en état d’hypothermie très avancé et blessé gravement », relate Geoffroy Gosselin, qui se trouvait en canot avec un ami à l’embouchure de la rivière Sainte-Anne, à Beaupré, pour pratiquer la chasse aux oiseaux migrateurs.
« C’était le choc total parce qu’un pygargue, ce n’est pas quelque chose de tout petit. L’oiseau migrateur le plus chassé va mesurer une fraction de la grosseur d’un oiseau de proie. À mon avis, on ne pouvait pas se tromper », stipule l’homme, qui déplore le braconnage des espèces vulnérables.
Avec son comparse, il a décidé de sortir de l’eau l’animal d’une quinzaine de livres pour le ramener à la terre ferme où ils ont obtenu l’autorisation des agents de la faune de le transporter à l’hôpital vétérinaire l’Ormière.
FRAGMENTS DE PLOMB
À son arrivée, l’oiseau présente des signes vitaux faibles. Une radiographie montre qu’il est touché par cinq fragments de plomb. Malgré les efforts acharnés des spécialistes, il succombe dans la soirée.
« Quand on a vu la radiographie, sincèrement, on a eu les larmes aux yeux. Comment tirer un oiseau magnifique, majestueux comme ça, qui a en plus un statut particulier ? », lance la Dre MariePierre Rainville, soulignant que « ce n’est pas un oiseau nuisible d’aucune façon pour l’être humain, les récoltes, la chasse ou quoi que ce soit ».
Bien que la présence du pygargue soit connue aux abords du fleuve, son observation demeure rare, selon la vétérinaire. En 12 ans, c’est la première fois que l’établissement reçoit un tel pensionnaire.
L’oiseau de proie est inscrit depuis 2003 sur la liste des espèces vulnérables. Les chasseurs illégaux s’exposent à des amendes très salées allant de 500 à 20 000 $ pour une première infraction.