La famine menace des centaines d’enfants assiégés en Syrie
Les habitants de la Ghouta manquent d’aliments de première nécessité
HAMOURIA | (AFP) Squelettique, les côtes saillantes sous sa peau translucide, la petite Sahar, un mois, respirait avec difficulté. Elle est morte, hier, dans la Ghouta orientale, zone tenue par les rebelles et assiégée par le régime syrien, où des centaines d’enfants souffrent de malnutrition.
Cette région rurale située à l’est de Damas est assiégée depuis 2013 par le régime de Bachar al-Assad, et l’aide humanitaire y parvient au compte-gouttes.
C’est une des quatre « zones de désescalade » instaurée en mai par les parrains internationaux des belligérants en Syrie dans le but d’obtenir une trêve dans les combats et de mettre un terme à la guerre meurtrière qui ravage le pays.
Mais avec le manque d’approvisionnement alimentaire, des centaines d’enfants y souffrent de malnutrition aiguë, selon un responsable de santé.
LA PEAU SUR LES OS
Jeudi, dans l’hôpital de Hamouria, des infirmières s’activaient déjà auprès de nourrissons venus pour une consultation.
Certains pleuraient ou gémissaient, d’autres avaient la peau jaunie et fripée sur leurs os saillants. D’autres, encore, avaient des tubes médicaux dans leurs petites narines.
« En ce moment, les aliments de première nécessité que l’on doit donner aux enfants ne nous parviennent pas, en particulier le sucre et les matières grasses », affirme à Yahya Abou Yahya, médecin pour l’ONG turque Social Development International.
« Beaucoup d’enfants souffrent de carences, de migraines, de troubles de la vision, de problèmes psychologiques », déplore-t-il, avant d’ajouter : tout cela est causé par le manque de nutriments et de sources essentielles d’énergie que l’enfant doit absorber chaque jour. »
D’après lui, les établissements médicaux tenus par son ONG dans la Ghouta ont accueilli, ces trois derniers mois, environ 9700 enfants.
« Parmi eux, 80 sont en situation de malnutrition aiguë sévère, 200 en situation de malnutrition aiguë modérée, et environ 4000 enfants souffrent de carences nutritionnelles », poursuit-il.
Pour le Dr Abou Yahya, « les quantités envoyées par les Nations unies [...] ne couvrent pas 5 % à 10 % des besoins nutritionnels des enfants de la Ghouta qui se trouvent dans ces cas ».
Quelque 400 000 personnes vivent toujours dans des localités assiégées en Syrie, « la majorité se trouvant dans la Ghouta orientale », selon l’ONU.