La queue basse
Ce qui me fâche depuis plusieurs jours, c’est la vitesse avec laquelle nous sommes prêts à passer l’éponge sur le comportement de certains agresseurs. Il nous aura fallu moins de temps pour supputer sur la réhabilitation d’Éric Salvail qu’il en a pris lui-même à réagir aux dénonciations d’inconduite sexuelle à son endroit. « Combien de temps devra-t-il mettre sa carrière sur la glace ? Quand pourra-t-il reprendre l’antenne ? » J’ai trouvé cette curiosité bien malsaine à la face même des victimes. Il ne s’agit pas de mettre un harceleur en pénitence en attendant qu’il apprenne sa leçon. Il s’agit de faire cesser un comportement trop répandu dans notre société.
« EN MODE » REGRET
Y croyez-vous, aux excuses touchantes dictées par des relationnistes et au repenti de ces agresseurs sexuels ? Salvail va un cran plus loin et se dit ouvert à la thérapie. « Un peu comme un alcoolique peut consulter pour ne plus avoir de consommation déviante et pour comprendre celle-ci autant que ses conséquences ». Se positionner ainsi relève du brio. Qui veut frapper sur la tête d’un AA ? Ainsi commence sa réhabilitation. Ses fans dont le maire de Sorel vont sans doute lui organiser un party de retour. Un peu plus, et ce sera lui la victime. Pensez-vous que d’autres se sentent à l’aise de dénoncer sachant que le patron est à la veille de revenir après sa « tite » pause professionnelle ? Qui gage que dans moins de six mois, le King de V revient la queue basse ? Ceux qui ne l’auront pas défendu vontils perdre leur emploi ? J’en connais qui se posent la question.
SACRIFIER LA VICTIME
La meilleure chose qui soit arrivée à Salvail, c’est l’affaire Rozon, dont les actes répugnants nous semblent bien pires que de l’inconduite sexuelle. Dans les deux cas toutefois, des pervers narcissiques convaincus de leur surpuissance. Les actes de l’un ne devraient pas excuser ceux de l’autre. Cela enverrait un bien triste message aux victimes. Comme d’autres, j’ai cru à la réhabilitation de Gilbert Rozon après une plainte pour agression sexuelle en 1998. Nous sommes bien naïfs.