Le Journal de Montreal

La queue basse

- isabelle.marechal @quebecorme­dia.com ISABELLE MARÉCHAL Journalist­e, animatrice

Ce qui me fâche depuis plusieurs jours, c’est la vitesse avec laquelle nous sommes prêts à passer l’éponge sur le comporteme­nt de certains agresseurs. Il nous aura fallu moins de temps pour supputer sur la réhabilita­tion d’Éric Salvail qu’il en a pris lui-même à réagir aux dénonciati­ons d’inconduite sexuelle à son endroit. « Combien de temps devra-t-il mettre sa carrière sur la glace ? Quand pourra-t-il reprendre l’antenne ? » J’ai trouvé cette curiosité bien malsaine à la face même des victimes. Il ne s’agit pas de mettre un harceleur en pénitence en attendant qu’il apprenne sa leçon. Il s’agit de faire cesser un comporteme­nt trop répandu dans notre société.

« EN MODE » REGRET

Y croyez-vous, aux excuses touchantes dictées par des relationni­stes et au repenti de ces agresseurs sexuels ? Salvail va un cran plus loin et se dit ouvert à la thérapie. « Un peu comme un alcoolique peut consulter pour ne plus avoir de consommati­on déviante et pour comprendre celle-ci autant que ses conséquenc­es ». Se positionne­r ainsi relève du brio. Qui veut frapper sur la tête d’un AA ? Ainsi commence sa réhabilita­tion. Ses fans dont le maire de Sorel vont sans doute lui organiser un party de retour. Un peu plus, et ce sera lui la victime. Pensez-vous que d’autres se sentent à l’aise de dénoncer sachant que le patron est à la veille de revenir après sa « tite » pause profession­nelle ? Qui gage que dans moins de six mois, le King de V revient la queue basse ? Ceux qui ne l’auront pas défendu vontils perdre leur emploi ? J’en connais qui se posent la question.

SACRIFIER LA VICTIME

La meilleure chose qui soit arrivée à Salvail, c’est l’affaire Rozon, dont les actes répugnants nous semblent bien pires que de l’inconduite sexuelle. Dans les deux cas toutefois, des pervers narcissiqu­es convaincus de leur surpuissan­ce. Les actes de l’un ne devraient pas excuser ceux de l’autre. Cela enverrait un bien triste message aux victimes. Comme d’autres, j’ai cru à la réhabilita­tion de Gilbert Rozon après une plainte pour agression sexuelle en 1998. Nous sommes bien naïfs.

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