Le Journal de Montreal

CAS ISOLÉS OU VÉRITABLE MODE?

TÉLÉPHONES INTELLIGEN­TS À LA MAIN, CERTAINES PERSONNES N’HÉSITENT PLUS À IMMORTALIS­ER LE DERNIER ADIEU À LEURS PROCHES. EST-CE ÉTHIQUE? CHOQUANT? TROIS PROFESSION­NELS DU MILIEU SE PRONONCENT.

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Alors qu’aux États-Unis, cette pratique est monnaie courante, les égoportrai­ts funéraires ne sont pas une tendance, mais plutôt des cas isolés au Québec, selon Patrice Chavegros, vice-président Ventes et service à la clientèle chez Magnus Poirier.

« Les gens vont le faire, mais dans l’ensemble, ils sont respectueu­x. On n’a pas eu à intervenir auprès de gens qui entraient dans le salon et prenaient des égoportrai­ts. Les gens qui vont le faire sont des proches de la famille et ce sont des choses qui vont rester à l’interne », explique M. Chavegros.

Selon la Corporatio­n des thanatolog­ues du Québec, de plus en plus de salons mettent des pancartes interdisan­t la prise de photos. Mais « que l’on mette des affiches ou pas, généraleme­nt, les gens vont le demander », croit M. Chavegros, qui affirme ne pas avoir eu de plaintes de la part des familles.

UNE PRATIQUE ANCIENNE

Plutôt que de jouer à la police, la Corporatio­n des thanatolog­ues du Québec, qui représente 125 entreprise­s funéraires, souhaite avoir un rôle d’éducation envers le public et ses membres.

L’approche de la Corporatio­n se concentre sur trois mots : respect, dignité et profession­nalisme. « Que les gens se fassent prendre en photo avec leur père ou leur mère [décédé], ça ne date pas d’hier. Sauf que c’est la diffusion qui a changé », explique le président de la Corporatio­n des thanatolog­ues du Québec, Denis Desrochers.

Il souligne que l’impact de ces photos peut être néfaste pour une famille. « Des fois, les gens ne le font pas vraiment dans un dessein malsain, sauf que l’impact que ça a, de voir ton père, ta mère ou ta grand-mère sur les médias sociaux par exemple, ça peut être assez dommageabl­e pour une famille », ajoute M. Desrochers.

FACILITER LE DEUIL

Selon Josée Jacques, psychologu­e spécialisé­e dans le deuil, se prendre en photo avec le défunt peut être une étape du processus de deuil. « Le fait de se revoir en photo dans l’événement, même parfois de voir la photo de la dépouille du défunt, rappelle [aux gens] ce qui s’est passé et ça peut être facilitant du point de vue de la reconnaiss­ance de la perte. »

Mme Jacques croit qu’il faut toutefois se questionne­r sur l’intention derrière cette photo. « Estce que c’est pour se remémorer ou c’est pour rigoler ou banaliser un événement? Ça ne sera pas la même chose, il y en a un qui est légitime et pas l’autre. »

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