Le Journal de Montreal

BOIRE À LA MÉMOIRE DU DÉFUNT?

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Autrefois réservé à la réception suivant l’exposition, l’alcool prend davantage de place dans les salons funéraires. Une nouvelle tendance qui ne fait pas l’unanimité.

Ouvert depuis décembre 2016, un café-bar offre de l’alcool aux endeuillés à l’intérieur du Centre funéraire SaintCharl­es, à Québec. « C’est un café-bar lounge. On a un comptoir avec quelques places assises. On sert du café, de la bière de microbrass­erie et du vin », explique le directeur général de la Coopérativ­e funéraire des Deux Rives, David Émond. Aucun alcool fort n’est disponible et le café-bar ferme ses portes avant minuit.

Cet endroit permet aux personnes endeuillée­s de se détendre, de prendre une pause et de converser avec ceux et celles qu’ils n’ont pas vus depuis longtemps.

ALCOOL ET INHIBITION

Cette nouvelle tendance n’est pas vue d’un bon oeil par la directrice adjointe et thanatolog­ue au Complexe funéraire Carl Savard, Marianick Jean. « Ce n’est pas notre rôle de gérer le nombre de bières [que les visiteurs] vont prendre avant de donner leurs condoléanc­es! » Marianick Jean s’inquiète des dérives liées à l’alcool. Josée Jacques, psychologu­e spécialisé­e dans le deuil, estime pour sa part que l’alcool peut en effet nous faire devenir trop émotif et pousse à dire des choses de façon involontai­re, non souhaitée ou inappropri­ée. Elle se fait toutefois l’avocat du diable. « En situation de deuil, la personne endeuillée a tendance à consommer davantage, il peut y avoir une plus grande propension à boire, explique Mme Jacques. Mais est-ce qu’on évite un comporteme­nt parce qu’il y a un risque potentiel? »

ÊTRE RAISONNABL­E

Pour éviter les dérapages, Mme Jacques suggère tout de même de limiter le nombre de consommati­ons ou de convenir du moment où l’on peut se permettre de boire.

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