Le Journal de Montreal

David et Vallée en contradict­ion sur le visage couvert en classe

Les ministres ne s’entendent pas sur l’applicatio­n de la loi dans les université­s

- Charles Lecavalier CLecavalie­rJDQ charles.lecavalier @quebecorme­dia.com f 418.204.2127

QUÉBEC | Le gouverneme­nt Couillard peine à expliquer la portée de la loi sur la neutralité religieuse de l’État, alors que les ministres Vallée et David se contredise­nt sur son applicatio­n dans les université­s.

« Il n’y a pas de contradict­ion dans les propos de ma collègue. [...] Dans une salle de classe, l’esprit du projet de loi est à l’effet que la prestation de service par l’enseignant et la réception de service est à visage découvert », a lancé la ministre de la Justice Stéphanie Vallée, hier, à la sortie du Conseil des ministres.

La veille, Mme Vallée martelait, lors d’un long point de presse de mise au point, que « la réception d’un cours dans un collège, dans une université, dans une école secondaire, elle est à visage découvert parce qu’il y a une communicat­ion qui est essentiell­e entre l’enseignant, entre le professeur et l’étudiant ».

GROSSES SALLES DE CLASSE

La ministre de l’Enseigneme­nt supérieur Hélène David défend plutôt la particular­ité du réseau universita­ire puisqu’il comporte de larges classes où cette communicat­ion est à sens unique.

« Il y a toutes sortes de cas de figure, des tout petits groupes aux immenses amphithéât­res ; des étudiants qui ne communique­nt pas du tout parce que tu as 350 étudiants devant toi et il n’y a pas d’interactio­n; c’est très différent d’une direction de thèse, d’une soutenance de thèse, d’un séminaire de maîtrise », indiquait Mme David.

Le ministre des Ressources naturelles et juriste d’expérience Pierre Moreau faisait la même lecture que Mme David : « Il est très clair qu’un professeur dans une université qui a un auditorium de 500 personnes n’établit pas la même relation de communicat­ion qu’un professeur qui a trois personnes dans sa classe. » « L’interpréta­tion qui serait donnée par un tribunal pourrait fort bien être différente dans ce cas-là, mais ça ne rend pas la règle incompatib­le », a-t-il ajouté.

« NE PAS CHERCHER LA PUCE »

De son côté, Mme Vallée a voulu se faire rassurante et a conseillé aux journalist­es de ne pas chercher des défauts à sa loi. « Il ne faut pas chercher la puce, les petits pépins, les petits problèmes. Ma collègue comprend bien l’esprit de la loi, ne cherchez pas la bisbille », a-t-elle expliqué.

La loi sur la neutralité de l’État a été adoptée la semaine dernière et a immédiatem­ent semé la controvers­e lorsque Mme Vallée a affirmé qu’une personne ne pourrait plus se cacher le visage dans les autobus avec un voile, un bandana ou même des verres fumés.

 ?? PHOTO LE JOURNAL DE QUÉBEC, SIMON CLARK ?? La ministre de la Justice Stéphanie Vallée demande aux journalist­es de ne pas chercher les petits pépins dans sa loi.
PHOTO LE JOURNAL DE QUÉBEC, SIMON CLARK La ministre de la Justice Stéphanie Vallée demande aux journalist­es de ne pas chercher les petits pépins dans sa loi.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada