Le Journal de Montreal

Il n’était pas forcément gélé

- SOPHIE CÔTÉ

QUÉBEC | La présence de cannabinoï­des dans l’organisme ne signifie pas automatiqu­ement qu’une personne a consommé dans les heures précédente­s, prévient un médecin.

Christian Fortin, médecin accrédité par Transports Canada pour examiner les pilotes, explique que des traces de THC – qu’on retrouve dans le cannabis, le haschich et leurs dérivés – peuvent être détectées plusieurs semaines après avoir été consommé.

« On peut voir des traces quand il y a consommati­on, ça peut aller jusqu’à trois semaines, un mois », expose le Dr Fortin, questionné dans la foulée du dévoilemen­t du rapport du BST sur l’accident d’hélicoptèr­e survenu en septembre 2016, au Nouveau-Brunswick.

« On peut être exposé à la fumée de la marijuana et en inhaler. Ça peut être de la fumée secondaire, et ton corps va en prendre », soulève également le médecin.

Selon lui, les indication­s du BST sur la présence de cannabinoï­des dans le corps du pilote de l’hélicoptèr­e « sont très vagues ».

« Ça veut juste dire qu’il a eu une exposition antérieure, mais on ne sait pas quand », mentionne-t-il.

RARE EN AVIATION

De son côté, l’expert en aviation civile, Jean Lapointe, rapporte qu’il est très rare que des pilotes consomment du cannabis.

« Je ne connais personne en 44 ans de gens que j’ai côtoyés sur le plan profession­nel qui a consommé de drogue, soutient l’homme, pilote d’avions commerciau­x. Ça n’a pas sa place. »

Selon le Règlement de l’aviation canadien, il est de la responsabi­lité du pilote de ne pas prendre les commandes de son aéronef sous l’influence de drogue, d’alcool ou de médication­s.

« Ce qui est plutôt frappant, ajoute M. Lapointe, c’est le niveau de fatigue du pilote [montré du doigt par le BST] », soulève l’expert.

Ce dernier souligne que dans le milieu de l’aviation profession­nel, il s’agit d’un enjeu important. « On se bat contre le gouverneme­nt au Canada pour dire qu’on a des règlements qui sont les moins sévères sur la planète et, oui, c’est vrai que la fatigue peut affecter la capacité de jugement. »

Dans le cas d’un vol privé comme celui du 4 septembre 2016 au Nouveau-Brunswick, il revient au pilote de juger s’il est en état de prendre les airs.

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