Trois millions amassés par un seul« collecteur» de Vaillancourt

L’ingénieur Roger Desbois percevait la ristourne de 2 % destinée au parti de l’ex-maire de Laval

À lui seul, un des collecteurs de pots-de-vin de l’ex-maire de Laval, Gilles Vaillancourt, dit avoir amassé presque 3 M$ d’argent comptant en sept ans.

Roger Desbois, un ingénieur qui travaillait pour la firme Tecsult, était chargé entre 2003 et 2009 de récolter les enveloppes de la part d’une vingtaine d’entrepreneurs qui se partageaient les contrats publics. En retour, ces entrepreneurs devaient donner une ristourne de 2 % du prix des contrats au parti du maire.

Desbois a détaillé les montants qu’il avait reçus hier dans le cadre du procès pour corruption de l’entrepreneur Tony Accurso. Selon la Couronne, Accurso aurait eu un rôle important à jouer dans le cartel.

Le collecteur d’enveloppes estime avoir reçu au total « 2,8 ou 2,9 millions $ » de la part d’entrepreneurs qui venaient payer leur dîme dans son bureau chez Tecsult, au coin des boulevards Saint-Martin et Des Laurentides.

Il cachait l’argent, à mesure qu’il le recevait, dans « des enveloppes beiges extensibles ». Chaque enveloppe pouvait contenir un maximum de 200 000 $, a-t-il précisé.

PAS LE SEUL COLLECTEUR

Les enveloppes étaient ensuite placées dans la voûte située au sous-sol des bureaux de Tecsult, jusqu’à ce que Desbois les remette à Jean Bertrand, l’agent officiel du parti PRO (la formation politique dirigée par Gilles Vaillancourt), et à l’avocat Pierre Lambert, un proche de Vaillancourt.

Aujourd’hui âgé de 79 ans, Roger Desbois n’est pas le seul à avoir joué le rôle de collecteur de pots-de-vin. Son ancien patron chez Tecsult, Marc Gendron, l’aurait fait pendant des années.

Et selon Desbois, le notaire Jean Gauthier, lui aussi un proche de Vaillancourt et du PRO, recevait quant à lui de l’argent comptant d’un autre système de ristournes, celui entretenu par les firmes de génie.

Auparavant au procès : Des entrepreneurs ont avoué la collusion. Aujourd’hui : Le contre-interrogatoire de Roger Desbois se poursuit.

PHOTO D’ARCHIVES Gilles Vaillancourt, photographié ici en décembre 2016 juste avant d’aller en prison, aurait donné l’ordre à Roger Desbois de remettre de l’argent comptant à certains de ses collaborateurs.