Un mafieux en a ras-le-bol d’être gardé emprisonné
Il affirme que les services correctionnels ne peuvent pas le maintenir en détention
Le mafioso Francesco Del Balso en a assez d’être détenu, si bien qu’il a saisi les tribunaux afin d’obliger les services correctionnels à lui octroyer sa libération d’office.
« S’étant retiré du crime organisé, le comportement de M. Del Balso ne représente pas un risque de récidive et ne démontre pas un risque inacceptable pour la société », affirment les avocats Karl Emmanuel Harrison et Rita Magloé Francis dans une requête déposée au palais de justice de Montréal.
OPÉRATION ANTIMAFIA
Del Balso, 47 ans, avait été condamné en 2008 à 11 ans de pénitencier, à la suite de la vaste opération antimafia Colisée survenue deux ans plus tôt. Il avait obtenu sa libération d’office au deux tiers de sa peine.
Mais il a depuis été réincarcéré pour sa sécurité, à la suite de l’assassinat de son ex-associé Lorenzo Giordano en mars 2016.
« La protection de la propre sécurité d’un délinquant n’est pas un motif reconnu par la loi [pour suspendre une libération] », affirment toutefois les avocats de Del Balso dans le document de cour obtenu par Le Journal.
Dans le document de cour, Del Balso revient également sur l’invasion de domicile qui est survenue chez lui en mai dernier, alors que le mafioso s’était absenté et qu’un homme se serait présenté, armé, dans le but de le trouver.
« L’homme armé a fait coucher au sol la conjointe et un des fils [de Del Balso], peut-on lire dans la demande à la cour. Il les a menacés de les tirer et les a frappés au visage et dans le dos avec son pied. L’homme cherchait à savoir où se trouvait [Del Balso]. »
Marc Laflamme Berthelot, 33 ans, et David Cormier, 25 ans, avaient été arrêtés dans cette affaire. Ils font face à 18 chefs d’accusation.
Del Balso, qui profitait alors d’une libération conditionnelle, a ensuite été réincarcéré. Les services correctionnels n’avaient pas apprécié qu’il enlève son bracelet électronique, qui servait à s’assurer qu’il n’allait pas dans des endroits qui lui étaient interdits.
« Sans être en bris de condition, [Del Balso] s’est, à quelques occasions, trouvé à la limite de ce qu’il pouvait faire », ont affirmé les services correctionnels dans une note jointe à la requête de Del Balso.
PAS DE BRIS DE CONDITION
Pour les avocats du mafioso, ce dernier n’a brisé aucune condition et rien ne permet de conclure que sa liberté devrait être suspendue. « La réincarcération du requérant repose donc sur des motifs obliques et inexacts », peut-on lire dans le document de cour.
Mais les services correctionnels sont formels : la réincarcération de Del Balso est la « meilleure option pour assurer la sécurité du public. »
Enfin, le mafioso reproche aux services correctionnels de ne pas lui avoir donné toute l’information lui permettant de participer à son processus de réintégration.
Contactés par Le Journal, les services correctionnels fédéraux n’ont pas souhaité commenter l’affaire, étant donné qu’elle est devant les tribunaux. Un juge devrait se saisir du dossier d’ici les prochaines semaines.