Le Journal de Montreal

La locomotive de tête était en parfaite condition

Une inspection avait été réalisée juste avant l’explosion du 6 juillet 2013

- CAROLINE LEPAGE

SHERBROOKE | La locomotive de tête du convoi de pétrole qui a explosé à Lac-Mégantic avait été vérifiée la veille de la tragédie et l’inspecteur n’avait noté aucune anomalie. Personne ne l’aurait informé des défectuosi­tés identifiée­s.

L’inspecteur du matériel roulant, Yves Gendreau, affirme avoir examiné le matin du 5 juillet 2013 les locomotive­s du train de pétrole confié à Tom Harding, l’un des ex-employés de la MMA, avec Richard Labrie et Jean Demaître, qui subissent leur procès pour négligence criminelle ayant causé la mort des 47 victimes de Lac-Mégantic.

Selon son récit livré depuis deux jours au palais de justice de Sherbrooke, l’inspection de M. Gendreau aurait duré une vingtaine de minutes parce qu’il n’avait noté aucune réparation à faire, notamment sur la locomotive de tête, qui porte le numéro 5017.

« Si mes souvenirs sont bons, je n’ai jamais été mis au courant qu’il y avait un problème sur la 5017 », a-t-il déclaré. Il n’avait pas consulté les formulaire­s de suivi que les mécanicien­s laissent à bord des locomotive­s pour indiquer les défectuosi­tés.

« À ce moment-là, en juillet 2013, ce n’est pas une pratique que je faisais, dû à mon manque de formation et d’expérience », a-t-il admis.

À l’époque, M. Gendreau effectuait depuis quelques semaines à peine les inspection­s en solo.

DOUBLE VÉRIFICATI­ON

Pourtant, le conducteur du train dans la journée du 5 juillet, François Daigle, a témoigné jeudi dernier que la locomotive avançait au ralenti en raison d’un bris électrique relié à un problème d’ampérage. « Elle faisait de la boucane noire », a-t-il dit lors de son témoignage.

Il avait même demandé à son patron Jean Demaître de pouvoir la changer pour une qui était plus fonctionne­lle.

« Tu chiales encore. C’est ça qu’on a. Pis de toute façon, tu vas prendre ta pension après moi », lui aurait dit M. Demaître, un des trois accusés.

Après l’inspection des locomotive­s, l’ex-directeur des transports à Farnham pour la MMA, Jean Demaître, a informé M. Gendreau qu’un responsabl­e de Transports Canada, Alain Richer, venait inspecter les wagons de pétrole.

Ceux-ci venaient d’être vérifiés à la cour de triage de Saint-Luc. Toutefois, M. Richer voulait s’assurer que l’inspection avait été réalisée correcteme­nt.

Les deux hommes ont effectué cette opération de contrôle, qui vérifiait toutes les pièces des wagons, incluant les freins à main et à air. Deux défauts mineurs ont été identifiés et réparés.

Cependant, M. Richer n’a pas inspecté les locomotive­s, qui étaient garées à quelques kilomètres des nombreux wagons-citernes qu’elles devaient tirer.

RIEN DE SUSPECT AU DÉPART

M. Gendreau n’a rien noté d’anormal quand le train de pétrole que conduisait Tom Harding a quitté Farnham, vers Nantes, où le convoi devait passer la nuit.

« On doit se positionne­r à un endroit pour voir défiler le convoi à la vitesse de 5 miles à l’heure, pour faire le “pull-by” inspection », précise-t-il.

Il s’agit d’une inspection pour vérifier certains problèmes qui n’auraient pu être décelés quand les locomotive­s et les wagons étaient stationnés.

 ?? PHOTOS COURTOISIE ET CAROLINE LEPAGE ?? La locomotive 5017 de Tom Harding (en mortaise) se trouvait à la tête du convoi qui a explosé à Lac-Mégantic. Des conducteur­s avaient noté des bris, mais un inspecteur qui l’a vérifiée dans les heures précédant la tragédie n’a noté aucune défectuosi­té.
PHOTOS COURTOISIE ET CAROLINE LEPAGE La locomotive 5017 de Tom Harding (en mortaise) se trouvait à la tête du convoi qui a explosé à Lac-Mégantic. Des conducteur­s avaient noté des bris, mais un inspecteur qui l’a vérifiée dans les heures précédant la tragédie n’a noté aucune défectuosi­té.

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