Une buanderie poursuit le ministère de la Santé
Une buanderie poursuit le ministère de la Santé provincial afin d’empêcher que la lingerie d’un hôpital soit lavée par des détenus fédéraux plutôt que par ses employés.
La Buanderie Blanchelle de Repentigny s’occupe du service de buanderie pour l’Hôpital général du Lakeshore depuis plus de 15 ans.
Mais en septembre dernier, l’entreprise a appris que le Ministère avait décidé de transférer le contrat à un programme de réhabilitation de détenus mené par le Service correctionnel du Canada.
La compagnie perdra donc 750 000 $ en revenus annuellement en plus de devoir mettre à pied une dizaine de ses 260 employés dès la mi-novembre.
Le président de la Buanderie Blanchelle, Pierre Ferron, estime que l’attribution du contrat s’est faite de façon illégale, puisque le Ministère n’a procédé à aucun appel d’offres.
« L’octroi du contrat a été ordonné par d’une directive du Ministère sans passer par le processus habituel, et on refuse de nous donner des explications, déplore-t-il. On est très choqués de cette décision-là, qui n’est absolument pas justifiée. »
CONCURRENCE DÉLOYALE
Il considère que ce transfert lui causera un « préjudice irréparable » en plus d’entraîner une concurrence déloyale.
« Ce qui est ironique, c’est que dans les cinq dernières années, CORCAN [le programme pour détenus] n’a jamais été capable de remplir tous ses mandats, souligne-t-il. On les a dépannés régulièrement. Et là, on leur donne un contrat comme ça, gratuitement. »
M. Ferron demande à la Cour supérieure d’invalider la décision du Ministère et de prolonger son contrat jusqu’en juin 2018 en attendant que le tribunal se prononce.
« J’ai plus de facilité à obtenir des contrats à l’étranger qu’au Québec, ce n’est pas normal, ajoute le président. Si je n’avais pas été capable d’aller chercher des contrats aux États-Unis, je ne serais plus en affaires. »
Le Ministère a refusé de se prononcer sur cette affaire « afin de ne pas nuire au bon déroulement du processus judiciaire ».