Vers le parti de Trump
Le torchon brûle entre la vieille garde républicaine et le président. Mais si les républicains anti-Trump parlent beaucoup, ils agissent peu et leur parti se transforme malgré eux.
Alors que Washington entame une année chargée, rien ne va plus dans les relations entre le président et les républicains, qui refusent la transformation de leur parti à l’image de Trump.
La semaine dernière, George W. Bush critiquait sévèrement l’actuel président au nom des principes conservateurs du Parti républicain, dont l’ouverture des marchés, le libre-échange et la défense des idéaux démocratiques.
L’ex-président ne se gênait pas non plus pour dénoncer l’attitude accommodante de Trump face à l’extrême droite et aux suprémacistes blancs.
Bush n’est pas le seul à ne pas vouloir que le parti qui était jadis celui de Lincoln devienne le parti de Trump.
UNE FRONDE DE TROIS SÉNATEURS
John McCain, sénateur de l’Arizona, s’en est pris au « nationalisme fallacieux et à moitié cuit » de son administration, qui signifie pour lui un abandon inacceptable du leadership international des États-Unis.
Bob Corker, de l’Ohio, déplore le discours truffé de contre-vérités et le comportement erratique de Trump, qui dégradent l’image du parti et du pays. Il cite en exemple les représentants étrangers qui ne prennent plus au sérieux les déclarations du président.
L’autre sénateur de l’Arizona, Jeff Flake, a déballé son sac en annonçant qu’il ne sollicitera pas un nouveau mandat en 2018. Pour lui, le trumpisme n’est rien de moins qu’une menace aux normes démocratiques et aux valeurs fondamentales des États-Unis.
CONFRONTATION OU CAPITULATION ?
Ces sénateurs sur la voie de sortie n’ont rien à perdre. Ils pourraient mettre Trump sur la défensive dans un Sénat où l’opposition démocrate n’a besoin que de trois républicains pour former une majorité de blocage.
Les beaux discours ne suffiront pas, cependant. Jeff Flake aurait pu porter sa lutte contre Trump devant les électeurs républicains de l’Arizona, mais son retrait ouvre grande la porte à la candidate trumpiste Kelli Ward.
Cette capitulation d’un critique bien en vue de Trump fera réfléchir beaucoup d’autres législateurs qui s’abstiendront de critiquer le président pour ne pas déclencher l’ire de ses partisans inconditionnels.
IL FAUDRAIT PLUS QUE DES DISCOURS
Étant donné que Trump s’entend avec les républicains du Congrès sur plusieurs enjeux importants, comme les déréglementations, l’augmentation des dépenses militaires et les réductions d’impôts pour les mieux nantis, plusieurs législateurs mettront leurs objections en sourdine et l’appuieront malgré ses travers et ses frasques.
C’est lorsque les volontés du président s’opposeront aux convictions des législateurs républicains qu’on pourra mesurer l’étendue de son contrôle sur le parti.
Ça nous concerne, car si la plupart des républicains sont libre-échangistes, plusieurs préféreront rester dans les bonnes grâces du président si celui-ci décide de déchirer l’ALENA.
Si l’opposition des républicains à Trump se limite à des discours et ne se traduit pas par des gestes concrets, la métamorphose du Parti républicain en parti de Trump se poursuivra.
Rien ne va plus dans les relations entre le président et les républicains