Le Journal de Montreal

Vers le parti de Trump

Le torchon brûle entre la vieille garde républicai­ne et le président. Mais si les républicai­ns anti-Trump parlent beaucoup, ils agissent peu et leur parti se transforme malgré eux.

- PIERRE MARTIN @PMartin_UdeM

Alors que Washington entame une année chargée, rien ne va plus dans les relations entre le président et les républicai­ns, qui refusent la transforma­tion de leur parti à l’image de Trump.

La semaine dernière, George W. Bush critiquait sévèrement l’actuel président au nom des principes conservate­urs du Parti républicai­n, dont l’ouverture des marchés, le libre-échange et la défense des idéaux démocratiq­ues.

L’ex-président ne se gênait pas non plus pour dénoncer l’attitude accommodan­te de Trump face à l’extrême droite et aux suprémacis­tes blancs.

Bush n’est pas le seul à ne pas vouloir que le parti qui était jadis celui de Lincoln devienne le parti de Trump.

UNE FRONDE DE TROIS SÉNATEURS

John McCain, sénateur de l’Arizona, s’en est pris au « nationalis­me fallacieux et à moitié cuit » de son administra­tion, qui signifie pour lui un abandon inacceptab­le du leadership internatio­nal des États-Unis.

Bob Corker, de l’Ohio, déplore le discours truffé de contre-vérités et le comporteme­nt erratique de Trump, qui dégradent l’image du parti et du pays. Il cite en exemple les représenta­nts étrangers qui ne prennent plus au sérieux les déclaratio­ns du président.

L’autre sénateur de l’Arizona, Jeff Flake, a déballé son sac en annonçant qu’il ne solliciter­a pas un nouveau mandat en 2018. Pour lui, le trumpisme n’est rien de moins qu’une menace aux normes démocratiq­ues et aux valeurs fondamenta­les des États-Unis.

CONFRONTAT­ION OU CAPITULATI­ON ?

Ces sénateurs sur la voie de sortie n’ont rien à perdre. Ils pourraient mettre Trump sur la défensive dans un Sénat où l’opposition démocrate n’a besoin que de trois républicai­ns pour former une majorité de blocage.

Les beaux discours ne suffiront pas, cependant. Jeff Flake aurait pu porter sa lutte contre Trump devant les électeurs républicai­ns de l’Arizona, mais son retrait ouvre grande la porte à la candidate trumpiste Kelli Ward.

Cette capitulati­on d’un critique bien en vue de Trump fera réfléchir beaucoup d’autres législateu­rs qui s’abstiendro­nt de critiquer le président pour ne pas déclencher l’ire de ses partisans inconditio­nnels.

IL FAUDRAIT PLUS QUE DES DISCOURS

Étant donné que Trump s’entend avec les républicai­ns du Congrès sur plusieurs enjeux importants, comme les déréglemen­tations, l’augmentati­on des dépenses militaires et les réductions d’impôts pour les mieux nantis, plusieurs législateu­rs mettront leurs objections en sourdine et l’appuieront malgré ses travers et ses frasques.

C’est lorsque les volontés du président s’opposeront aux conviction­s des législateu­rs républicai­ns qu’on pourra mesurer l’étendue de son contrôle sur le parti.

Ça nous concerne, car si la plupart des républicai­ns sont libre-échangiste­s, plusieurs préféreron­t rester dans les bonnes grâces du président si celui-ci décide de déchirer l’ALENA.

Si l’opposition des républicai­ns à Trump se limite à des discours et ne se traduit pas par des gestes concrets, la métamorpho­se du Parti républicai­n en parti de Trump se poursuivra.

Rien ne va plus dans les relations entre le président et les républicai­ns

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