La désobéissance
Décriée de toutes parts, la nouvelle loi du gouvernement Couillard sur la « neutralité religieuse de l’État » est vouée à une douloureuse agonie. C’est l’inévitable sort qui attend l’interdiction ubuesque et à géométrie variable d’un voile intégral que la loi ne daigne même pas nommer.
Pis encore pour Philippe Couillard, des maires, dont celui de Montréal, se promettent d’y désobéir en l’ignorant carrément. Quand des élus versent dans la désobéissance civile, si justifiée soit-elle devant une loi absurde, le message envoyé à M. Couillard est dévastateur.
ABUS DE CONFIANCE
Ce message est celui d’un bris profond de confiance envers le jugement même du premier ministre. Car on aura beau se moquer des explications risibles de la ministre de la Justice, la vérité est que cette loi de fou existe parce que M. Couillard l’a approuvée.
Dans les universités et les collèges, on peut aussi s’attendre à une combinaison de désobéissance et d’indifférence. Idem dans les hôpitaux, les transports en commun, les bibliothèques, etc.
Sans compter les contestations judiciaires qui traîneront dans le paysage pendant des années. Le dommage fait à la réputation « internationale » du Québec sera toutefois minime. Le Québec, de toute manière, n’intéresse plus grand monde à l’extérieur de ses propres frontières.
INSULTE SUPRÊME
Comme je l’écrivais cette semaine, le plus choquant dans cette saga est la décennie perdue depuis la commission Bouchard-Taylor. Mais c’est aussi un gouvernement qui, au lieu de légiférer à visière levée sur le voile intégral, se cache derrière l’argument fallacieux de la sécurité et de la communication.
L’insulte suprême à l’intelligence est qu’il légifère sur le voile intégral alors que c’est un phénomène marginal au Québec. Il le fait tout en se montrant d’ailleurs incapable de répondre à une simple question : combien de femmes le portent ? Bref, il légifère sur un phénomène qu’il n’a même pas documenté. Comme gaffe politique, c’est franchement dur à battre.