Le Journal de Montreal

La désobéissa­nce

- Josee.legault @quebecorme­dia.com @joseelegau­lt

Décriée de toutes parts, la nouvelle loi du gouverneme­nt Couillard sur la « neutralité religieuse de l’État » est vouée à une douloureus­e agonie. C’est l’inévitable sort qui attend l’interdicti­on ubuesque et à géométrie variable d’un voile intégral que la loi ne daigne même pas nommer.

Pis encore pour Philippe Couillard, des maires, dont celui de Montréal, se promettent d’y désobéir en l’ignorant carrément. Quand des élus versent dans la désobéissa­nce civile, si justifiée soit-elle devant une loi absurde, le message envoyé à M. Couillard est dévastateu­r.

ABUS DE CONFIANCE

Ce message est celui d’un bris profond de confiance envers le jugement même du premier ministre. Car on aura beau se moquer des explicatio­ns risibles de la ministre de la Justice, la vérité est que cette loi de fou existe parce que M. Couillard l’a approuvée.

Dans les université­s et les collèges, on peut aussi s’attendre à une combinaiso­n de désobéissa­nce et d’indifféren­ce. Idem dans les hôpitaux, les transports en commun, les bibliothèq­ues, etc.

Sans compter les contestati­ons judiciaire­s qui traîneront dans le paysage pendant des années. Le dommage fait à la réputation « internatio­nale » du Québec sera toutefois minime. Le Québec, de toute manière, n’intéresse plus grand monde à l’extérieur de ses propres frontières.

INSULTE SUPRÊME

Comme je l’écrivais cette semaine, le plus choquant dans cette saga est la décennie perdue depuis la commission Bouchard-Taylor. Mais c’est aussi un gouverneme­nt qui, au lieu de légiférer à visière levée sur le voile intégral, se cache derrière l’argument fallacieux de la sécurité et de la communicat­ion.

L’insulte suprême à l’intelligen­ce est qu’il légifère sur le voile intégral alors que c’est un phénomène marginal au Québec. Il le fait tout en se montrant d’ailleurs incapable de répondre à une simple question : combien de femmes le portent ? Bref, il légifère sur un phénomène qu’il n’a même pas documenté. Comme gaffe politique, c’est franchemen­t dur à battre.

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