L’orgueil

Avec une réponse brutale au référendum catalan d’octobre dernier, Mariano Rajoy, premier ministre espagnol, a plus peur de perdre du pouvoir qu’autre chose. L’Union européenne a, hélas, un aussi gros ego que le premier ministre conservateur.

Rajoy monte sur ses grands chevaux en sachant que 90 % de 42 % des Catalans revendiquent l’indépendance. Sa logique : envoyer toutes les forces possibles pour éviter de perdre ce qui lui appartient. Et oui, sans ces violences, plus de 60 % des Catalans auraient voté pour l’indépendance. Pourquoi pas blâmer Carles Puigdemont, président de la Catalogne, pour tout ce qui s’est passé ? Cette démocratie, un État de droit, n’avait soi-disant pas le droit de le faire. Qu’est-ce que l’on ne ferait pas pour garder son orgueil et son pouvoir ?

Jean-Claude Juncker, lui, a plutôt peur pour la crédibilité de l’Union européenne. En effet, le président de la Commission européenne dit avoir peur que la séparation de la Catalogne incite d’autres peuples à se séparer. Monsieur dit avoir peur qu’autant de pays dans une même union soit trop difficile à gérer. Il est plus facile de croire que Juncker ne veuille pas montrer une certaine perte de contrôle à la communauté internationale, car l’Union européenne avait déjà souffert du Brexit : l’indépendance de la Catalogne serait la cerise sur le gâteau.

Avec cette soif de pouvoir en Europe, il est normal de craindre le futur de la démocratie et de la liberté d’expression. Amélie Lessard