Le Journal de Montreal

Son spectacle traduit en langue des signes

Samuele a fait appel à deux interprète­s pour traduire les paroles de ses chansons

- VANESSA GUIMOND Samuele présentera son concert traduit en LSQ le 8 novembre, à la Sala Rossa, dans le cadre du festival Coup de coeur francophon­e. Plus d’informatio­ns à l’adresse coupdecoeu­r.ca.

Convaincue que ses spectacles doivent être accessible­s au plus grand nombre, l’auteure-compositri­ce-interprète Samuele a fait traduire en langue des signes québécoise (LSQ) les pièces qu’elle interpréte­ra lors de son prochain concert à Montréal, événement qui sera présenté à la Sala Rossa le 8 novembre.

C’est une rencontre marquante avec l’une de ses admiratric­es sourdes, qui a eu lieu après la présentati­on d’un concert, en juin dernier, qui l’a convaincue de mettre en branle ce projet de traduction.

« Elle m’a dit que les personnes sourdes et malentenda­ntes aimeraient pouvoir profiter de mes spectacles, a expliqué la musicienne en entrevue. C’est certain qu’on est souvent bloqué par les budgets de production, mais je me suis dit que d’engager une personne pour interpréte­r, ce n’était pas irréaliste. »

Et pourquoi ne pas simplement faire défiler les paroles de ses chansons sur un écran, durant ses spectacles ?

« On m’a dit que les gens qui ont appris la LSQ ne savent pas toujours lire et écrire le français, a expliqué l’artiste. Il y a donc quelque chose de plus inclusif dans le fait qu’il y ait quelqu’un qui traduise avec des gestes à nos côtés, sur scène. »

RARETÉ

Les recherches visant à trouver l’interprète qui allait l’accompagne­r sur scène ont été plus ardues que prévu. En effet, Samuele a rapidement constaté que ce type de service était rarement offert dans le milieu culturel.

« Il y a des organismes qui existent, qui peuvent t’accompagne­r pour un rendez-vous chez le médecin, par exemple, mais en culture, il y a seulement Spectacle interface qui fait de la traduction en théâtre et en humour », a-t-elle souligné.

Ce n’est qu’après avoir trouvé le moyen de faire circuler son offre à travers divers groupes Facebook d’interprète­s LSQ que Samuele a fait la rencontre d’Annick Morrisson et MarieFranc­e Sabourin, duo qui se joindra à elle, le 8 novembre.

« Depuis qu’elles ont accepté de m’accompagne­r, nous sommes en contact régulièrem­ent. Elles me posent beaucoup de questions par rapport à mes intentions derrière certaines phrases de mes chansons, pour être certaines de faire la bonne traduction, a-t-elle raconté. C’est vraiment une autre langue. En plus, comme je fais de la poésie, ce n’est pas toujours simple. »

Sur scène, Samuele et ses musiciens offriront une prestation d’une heure et quart durant laquelle ils interpréte­ront une quinzaine de morceaux.

« En plus, je parle beaucoup sur scène, a précisé l’artiste. Elles vont donc devoir traduire ce que je dis entre les tounes. C’est beaucoup de travail (voir autre texte). »

MÊME CACHET

Pour leurs services, les interprète­s recevront le même cachet que les autres musiciens présents aux côtés de la chanteuse, ce soir-là. Le travail effectué en amont, pour traduire les paroles, sera traité de la même façon que le temps investi par les musiciens pour apprendre les chansons, en vue d’un concert.

« Si on réussit à travailler ensemble, à long terme, elles vont finir par faire partie du groupe », a souligné Samuele, qui espère pouvoir répéter l’expérience le plus souvent possible.

« Je pense que rien ne peut être révolution­naire si ce n’est pas accessible. C’est juste une question d’inclusion. Pour moi, chaque personne est importante et si on exclut des gens, on passe à côté de quelque chose. »

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PHOTO D’ARCHIVES, AGENCE QMI C’est après une rencontre significat­ive avec une malentenda­nte que Samuele a décidé de rendre ses chansons plus accessible­s en spectacle.

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